"Je n'y arrive plus": le maire de Mont-Saint-Martin demande des comptes à l'État après les dégradations

Une "ville en grande souffrance". Le maire de Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), Serge de Carli, compte les dégâts dans sa ville de 8.300 habitants. Alors que plusieurs bâtiments publics ont été ciblés pendant les émeutes, c'est l'école qui a été incendiée jeudi soir.
"On en est à neuf bâtiments publics vandalisés ou brûlés. Un centre pour autistes, une maison médicale, une école maternelle, une mairie totalement saccagée, inutilisable. Il y en a pour un million d'euros de dégâts. On a eu un collège vandalisé, un club house et une buvette d'un club de foot brûlé", a-t-il expliqué, ce samedi, dans la Matinale Week-End de RMC.
Le maire explique que les personnes qui ont attaqué ces services publics sont "des personnes jeunes": "l'hôtel de ville, par exemple, a été attaqué par un commando véritablement commando dont l'objectif était de l'Hôtel de ville". Le maire explique aussi, sa ville étant proche de la frontière belgo-luxembourgeoise, que des mouvements de jeunes venant de Belgique et de Moselle pourraient être impliqués dans ces dégradations, "armés d'un certain nombre d'outils utiles à la destruction."
"Nous sommes oubliés"
Vendredi matin, après l'incendie de l'école élémentaire, le maire a demandé à Emmanuel Macron de venir sur place. Au lendemain de cette demande, et alors que la nuit du 14-Juillet a été calme à Mont-Saint-Martin, le maire dénonce des appels qui n'ont pas été entendus et demande des comptes à l'État: "on me demande des comptes, c'est normal, je suis un élu de la République. Aujourd'hui, j'en demande aussi, sur l'avancement de l'enquête; les éléments que nous avons fournis."
"Ça fait des années, des mois, que j'interpelle sur les difficultés connues d'une ville populaire de 10.000 habitants posée aux frontières. Les services publics sont exsangues depuis longtemps" explique le maire.
>>> Retrouvez toute la Matinale week-end de RMC en podcast
"Notre République ne va pas bien"
Il détaille: "La Poste est fermée depuis un an et demi et n'a pas rouvert. Il manque un tiers des forces de police à l'hôtel de police. Notre hôpital ne va pas bien. On recrute les infirmières au Liban. Nous sommes en désertification médicale. Il n'y a plus de médecins généralistes. L'École ne va pas bien non plus: mi-juin, il a manqué, dans une grosse école de douze classes, deux maîtres pour deux classes pendant deux mois. Il n'y a plus de formation, il n'y a plus remplacement." Aujourd'hui, le maire estime faire partie des "oubliés de la République":
"Notre République ne va pas bien et il y a des territoires qui se sentent oubliés, dans lesquels il y a les plus grandes difficultés. Moi je n'y arrive plus, ce n'est plus possible !", explique-t-il.
Il raconte que sa mairie a été sortie de tous les dispositifs qui permettent de l'aider: petit cœur de ville, petite ville de demain ou bourg centre. "On nous a supprimé une dotation qui s'appelle la DPV sur la politique de la ville, c'est 500 000 € euros. C'est 10 % de notre budget d'investissement que nous n'avons plus."
Aujourd'hui, Serge de Carli estime que "ce sont les communes et les collectivités locales, avec les fantassins de la République, les agents territoriaux des collectivités locales, qui tiennent le pays C'était vrai pendant la crise sanitaire, encore vrai aujourd'hui", conclut-il. Par ailleurs, le maire indique ne pas avoir eu, pour le moment, de réponse à sa lettre destinée à l'Élysée.