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Jean-Paul Delevoye peut-il rester au gouvernement ?

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Le Haut-commissaire aux retraites, visé pour ses omissions lors de sa déclaration d'intérêts auprès de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique est menacé alors que la protestation contre la réforme des retraites ne semble pas vouloir s'atténuer.

13 mandats contre 3 : selon le journal Le Monde, qui s'est procuré la nouvelle déclaration d'intérêts de Jean-Paul Delevoye le haut-commissaire aux retraites, celui-ci déclare 13 mandats contre 3 dans la première version. Et 11 de ses fonctions sont toujours actives. Le "monsieur des retraites" du gouvernement d’Edouard Philippe depuis septembre, a également révisé ses salaires à la hausse. Par exemple, son salaire de 2017 en tant que conseiller pour le groupe de formation IGS est passé de 40.000 à 78.408 euros (pratiquement le double) entre les deux déclarations.

"Il a fait part d'une grande nonchalance voire même d'une certaine incompétence mais surtout ce qui saute aux yeux c'est le manque de motivation de cette personne. Lorsque l'on devient membre du gouvernement et que l'on conserve autant de fonctions parallèles parfois même rémunérées, cela pose la question de l'implication. S'il n'a pas envie d'être au gouvernement, il devrait peut-être démissionner et laisser quelqu'un d'autre. On se pose beaucoup de questions sur Jean-Paul Delevoye", assure à RMC Jean-Christophe Picard, président de l'association Anticor qui a saisi la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, en lui demandant de faire remonter des éléments sur l'affaire Delevoye, à la justice.

"Il ne se souvenait même pas de toutes ses fonctions tellement il cumulait"

Car à 10 jours de Noël et alors que la grève, notamment dans les transports, paralyse une partie du pays, la question du maintien de Jean-Paul Delevoye au gouvernement se pose sérieusement: "Il ne se souvenait même pas de toutes ses fonctions tellement il cumulait", déplore Nathalie Arthaud porte-parole de Lutte Ouvrière. "On a des responsables politiques qui vivent avec des dizaines de milliers d'euros par mois qui vont venir expliquer à des salariés qui ont travaillé toute leur vie, qu'il va falloir qu'ils acceptent des pensions revues à la baisse. Je trouve ça révoltant", ajoute-t-elle.

"Je n'ai pas porté la même attention à ma déclaration d’intérêts, sans doute parce que j’avais le sentiment de pas avoir de conflits d’intérêts et parce que j’étais obnubilé par ma déclaration de patrimoine", s'est justifié de son côté Jean-Paul Delevoye auprès du Monde. Il a admit "une erreur" et s'est dit déterminé à continuer à "défendre" la réforme des retraites. La fonction qui pose le plus problème est son poste de président du think-thank Parallaxe de HEP Education, qu'il a cumulé pendant trois mois après son entrée au gouvernement. Une pratique interdite par la Constitution. Jean-Paul Delevoye a plaidé la naïveté, assurant avoir découvert par la presse l'interdiction de ces pratiques. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique doit annoncer mercredi si elle saisit la justice ou non.

Paul Barcelonne (avec G.D.)