L'Etat de droit ni "intangible", ni "sacré" selon Bruno Retailleau: la macronie s'insurge

Pour le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, l'Etat de droit n'est ni "intangible", ni "sacré". "L'Etat de droit, ça n'est pas intangible, ni sacré. C'est un ensemble de règles, une hiérarchie des normes, un contrôle juridictionnel, une séparation des pouvoirs, mais la source de l'Etat de droit, c'est la démocratie, c'est le peuple souverain", a assuré le successeur de Gérald Darmanin dans une interview au JDD.
Des propos qui ont provoqué l'ire d'une partie de la macronie, à commencer par la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet elle-même, qui s'est dit "très inquiète". "Lorsque la situation est tendue, lorsqu'il y a des crises, il ne faut surtout pas remettre en cause l'État de droit", a-t-elle défendu ce lundi sur France 2.
Des critiques au sein du gouvernement
"L'État de droit dans une démocratie, c'est quelque chose de sacré", a renchéri sur RMC et BFMTV l'ancienne Première ministre d'Emmanuel Macron Elisabeth Borne. "Quand on est aux responsabilités, il faut absolument avoir des propos apaisants, éviter les propos clivants. A fortiori quand on est face à l'Assemblée telle qu'elle se présente aujourd'hui", a-t-elle ajouté alors que Les Républicains, le parti de Bruno Retailleau, ne comptent que 47 députés et devront composer avec les macronistes.
Même dans les rangs du gouvernement, la sortie de Bruno Retailleau fait réagir. "L'Etat de droit dans une démocratie est un intangible pour assurer l'égalité de chacun face à la loi", a assuré la ministre de l'Ecologie Agnès Pannier-Runacher, proche d'Emmanuel Macron et qui officie dans les différents gouvernements depuis 2020.
"L'État de droit, c'est ce qui protège chacun d'entre nous de l'arbitraire", a aussi rappelé sur X le président du groupe MoDem et ex-ministre Marc Fesneau, s'inquiétant "des esprits qui dans les temps actuels semblent se désorienter". "Nous y veillerons. J'attends que le gouvernement y veille également", a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy au secours du ministre de l'Intérieur
Dès son arrivée au ministère de l'Intérieur, Bruno Retailleau a prévenu qu'il pourrait passer par décrets certaines mesures, sur l'immigration notamment. Une solution inenvisageable pour Yaël Braun-Pivet. "Renforçons notre arsenal juridique, renforçons l'application de nos règles, mais ne contournons pas pour ce faire, ces mêmes règles, c'est ça justement l'Etat de droit", a assuré la présidente de l'Assemblée nationale.
À droite, Bruno Retailleau a reçu le soutien de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy. "J'apprécie les débuts de Monsieur Retailleau qui affirme une politique. Et d'ailleurs le fait d'être attaqué par les gens qui l'attaquent, c'est plutôt bon signe. Dès que quelqu'un veut faire quelque chose, il est immédiatement accusé d'être quelque part entre Hitler et Laval", a lancé l'ancien chef de l'Etat sur Europe 1. "La fermeté posera des problèmes d'humanité pour tel ou tel, il faudra passer outre", a ajouté Nicolas Sarkozy.