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La figure de la Résistance Missak Manouchian entre au Panthéon mercredi

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Missak Manouchian, fusillé au Mont Valérien le 21 février 1944 avec 21 de ses camarades, va entrer au Panthéon mercredi 21 février, 80 ans jour pour jour après son exécution. Figure de la Résistance communiste et étrangère, ce rescapé du premier génocide arménien sera panthéonisé aux côtés de sa femme, Mélinée.

80 ans jour pour jour après son exécution, l'Arménien Missak Manouchian entre au Panthéon mercredi 21 février. Les Allemands l'avaient fusillé le 21 février 1944 au Mont Valérien (Hauts-de-Seine) avec 21 de ses camarades. La cérémonie rendra hommage à toute la "résistance communiste et étrangère", a souligné vendredi 16 février l'Elysée.

Entreront aussi de façon symbolique, avec une inscription de leur nom, ses "camarades de combat et de Résistance". Ils étaient "Juifs, Polonais, Hongrois, Italiens, Espagnols, Roumains ou Français".

Missak Manouchian était membre des Francs-tireurs et partisans (FTP) et chef d’un groupe  main d'œuvre étrangère qui regroupait des étrangers, majoritairement des Juifs d’europe de l’est réfugiés en France. 

Ouvrier et poète

Arménien rescapé du premier génocide du siècle, Missak Manouchian était orphelin immigré, arrivé clandestinement en France dans les années 20. Il etait avant la guerre ouvrier et poète.

Le groupe Manouchian va, à partir de 1941, entreprendre des actions contres l'occupant nazi. Ils réalisent notamment l’assassinat d’un officier allemand responsable de l’envoi des jeunes Français en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO).

Tortures et procès expéditif

Pris en filature, le groupe est finalement reperé. Un des membres est arreté et parle sous la torture. Le 16 novembre 1940, 23 membres du groupe sont arretés par la police française, un groupe des renseignement géneraux. Un procès expéditif est organisé dans un grand hôtel parisien.

Missak Manouchian et ses camarades sont condamnés à mort et fusillés, le 21 février 1944, au mont Valérien, après avoir refusé de se faire bander les yeux. La seule femme du groupe, Olga Bancic, a elle été transferée en Allemagne pour y etre decapitée. En France, les Allemands ne fusillaient pas les femmes. 

Propagande nazie et symbole de la Résistance

La figure de Missak Manouchian a été utilisée par la propagande nazie. ont publié l’affiche rouge, avec les photos de Missak Manouchian et de dix autres membres de son groupe, pour salir la Résistance et montrer qu'ils étaient "des étrangers, des Juifs, des metèques, des bandits avec des sales gueules".

Sous la photo de Manouchian, les Allemands avaient écrit : "Armenien, chef de bande, 56 attentats, 150 mort". Un bilan volontairement faussé, Missak Manouchian n’ayant participé lui-même qu’a un attentat contre les Allemands.

La chanson de Léo Ferré qui lui est dédiée sera interprétée

Après la guerre, le Parti communiste en fait le symbole de la résistance communiste et étrangère. Aragon a écrit un poème à sa gloire, Léo Ferré l’a chanté. C’est un texte qui reprend la derniere lettre de Missak Manouchian à sa femme Melinée. Il lui dit : "Sois heureuse, marie toi, fait un enfant et pense à moi tout le temps".

Mercredi, Méliné, elle aussi orpheline arménienne, sera transférée avec son mari dans les caveaux du Panthéon.

Pendant la cérémonie, la chanson de Léo Ferré sera interprétée par Arthur Teboul, le chanteur de Feu ! Chatterton.

Il n'a jamais obtenu la nationalité française

Cette panthéonisation "démontre qu'être Français c'est avant tout une affaire de volonté et de coeur et que cela apporte beaucoup au pays", a déclaré un conseiller présidentiel cité par l'AFP, alors que le débat sur l'immigration fait rage en France. "Cela ne tient pas à l'origine, à la religion, au prénom", a-t-il souligné. Missak Manouchian n'obtint jamais la nationalité française qu'il avait demandée à deux reprises

Quelque 2.000 personnes assisteront à la cérémonie de panthéonisation mercredi, dont le Premier ministre arménien Nikol Pachinian. Le Parti communiste sera également "représenté en masse", selon l'Elysée.

Nicolas Poincaré