Larcher et Braun-Pivet en Nouvelle-Calédonie: une visite "avec humilité" pour recréer du lien

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher, sont arrivés dimanche soir en Nouvelle-Calédonie, où ils vont rester 3 jours. L’objectif est notamment de relancer le dialogue.
Cette visite d'un tandem parlementaire, en Nouvelle-Calédonie, est inédite, 6 mois après l’explosion des violences sur l’archipel. Les émeutes urbaines avaient fait 13 morts dont 2 gendarmes, l’état d’urgence avait été instauré et 6.000 forces de l’ordre avaient été envoyées en renfort sur place.
Ces émeutes avaient été provoquées par un projet de loi constitutionnel ultra sensible, censé permettre à plus de personnes de voter aux élections provinciales, c’est à dire d’ouvrir le scrutin à ceux qui résident en Nouvelle-Calédonie depuis au moins 10 ans. Les indépendantistes redoutent de voir le peuple kanak marginalisé et perdre du poids politique.
Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher vont multiplier les rencontres bilatérales, avec les élus locaux de tout bord, et échanger avec le patronat et les syndicats. Pour l’instant, aucune réunion transpartisane n’est prévue mais ils s’exprimeront mardi face à tous les élus du Congrès. Cette mission leur a été confiée par Michel Barnier. Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre avait annoncé l’abandon de la réforme contestée, poussée à l’époque par Emmanuel Macron. Michel Barnier a aussi annoncé le report des élections provinciales à la fin de l’année prochaine au plus tard.
Proposer un accord global
Des messages pour apaiser les tensions. Sur place, le retour au calme est relatif même si le couvre-feu est désormais allégé. Certaines zones restent sous tension: dans un quartier Kanak près de Nouméa, les restrictions de circulation sont maintenues pour éviter agressions et vols de voiture.
Le tandem parlementaire revendique une forme d’autonomie, utile pour dialoguer avec leurs interlocuteurs. Ce déplacement se fait en effectifs réduits, sans représentant du gouvernement, ni même d’élus pour les accompagner. Ils disent vouloir agir "avec humilité", "sans forcer". Le tandem plaide pour une solution politique dite de "souveraineté partagée" avec la France.
Ils souhaitent que l’accord soit politique, mais aussi économique et parlent d'un "accord global". Avec au cœur des négociations, la question de la crise du nickel calédonien, qui est un pilier économique essentiel pour l’archipel. Une usine emblématique de ce minerai est aujourd’hui à l’arrêt.
Puis il y a aussi l’urgence de la reconstruction. La facture des dégâts liés aux émeutes est évaluée à 2,2 milliards d’euros, ce qui représente 25% du PIB de l’archipel. Le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet est allé en Nouvelle-Calédonie le mois dernier et a annoncé que les aides de l’État s’élèveraient à plus d’1,4 milliard d’euros.