Le gouvernement consulte pour éviter la censure: “Le dialogue n'est pas propre à la démocratie”

C’est la mode de la rentrée: discuter pour mieux régner. Puisque Emmanuel Macron passe pour être autoritaire, tous les hommes politiques essayent de faire le contraire. Ils se la jouent cools, démocrates bien gentils qui écoutent tout le monde. C’est une opération de communication avec des grosses ficelles.
Le dialogue, la base de la démocratie?
Le dialogue, ça n’est pas propre à la démocratie. C’est propre au pouvoir en général. Personne ne peut régner seul, pas même le pire des dictateurs. Pour gouverner, vous avez besoin d’alliés. Et pour avoir des alliés, il faut faire des compromis.
Prenez l’exemple de Rome. La République s’effondre au Iᵉʳ siècle avant JC avec l’arrivée au pouvoir de l’empereur Auguste. Mais même sous l’Empire, le Sénat romain ne disparaîtra jamais. Les sénateurs représentaient toutes les composantes de l’élite. L’empereur n’avait pas le choix: il avait besoin d’eux pour gouverner.
Si les rois n’aimaient pas forcément le dialogue, ils n'avaient pas le choix. Même au fin fond du Moyen Âge, nos premiers rois, les Mérovingiens, la dynastie fondée par Clovis. Même eux convoquaient des assemblées de notables, la noblesse si vous préférez, pour dialoguer avec eux. Le roi ne prenait pas ses décisions seul. Et d’ailleurs, si un roi commençait à faire les trucs dans son coin, il était immédiatement accusé d’être un tyran. Un bon roi, c’est un roi qui écoute les conseils.
"Quand il n’y a plus de dialogue, c’est le début de la fin"
Il n’y avait pas d’Assemblée nationale pour autant. Mais il y avait quelque chose qui y ressemblait, c'étaient les États généraux. C’est une création du roi Philippe le Bel au XIVe siècle. En gros, c’était une assemblée qui réunissait les trois ordres du royaume: le clergé, la noblesse et la bourgeoisie. Seul le roi pouvait les convoquer. Il le faisait un peu quand il le voulait, sans règle.
En général, c’était pour les impôts ou pour la guerre. Et à partir de Louis XIV, on arrête de les convoquer. C’est le début de la monarchie absolue. Le roi se met à prendre les décisions seul. Ça va durer plus d’un siècle. Et puis à la fin du XVIIIe, la France est surendettée, c’est le foutoir. Le roi Louis XVI n’a plus le choix. Il convoque à nouveau les États généraux en 1789. Et là, coup de théâtre: les États généraux décident de se transformer en Assemblée nationale. C’est le début de la Révolution française.
Donc quand il n’y a plus de dialogue, c’est le début de la fin en général. Dialoguer, c’est une façon de partager le pouvoir. Vous faites plaisir à tout le monde et, en échange, on vous laisse être le chef. Quand vous ne faites plus plaisir à personne, ou à trop peu de monde, vous devez quitter le pouvoir. François Bayrou ne dialogue pas parce qu’il est gentil, mais parce que c’est la seule façon pour lui de garder son poste.