Retraites: pourquoi le gouvernement de François Bayrou joue déjà sa survie

Faut-il revenir sur la retraite à 64 ans? Le sujet est au cœur des discussions et des consultations, qui se multiplient depuis le début de la semaine à Bercy, chez le nouveau ministre de l’Économie Eric Lombard, qui reçoit un à un les groupes politiques et chez François Bayrou, qui reçoit les partenaires sociaux à Matignon. Tout cela avant sa Déclaration de politique générale, mardi prochain devant les députés.
Un sujet qui pourrait conditionner la survie du gouvernement Bayrou, d’où l’ouverture, amorcée par le nouveau Premier ministre, et son ministre de l’Économie, qui face à leurs interlocuteurs, laissent la porte ouverte à des évolutions de la réforme, y compris sur l’âge de la retraite. Et cela suscite des interrogations au sein du bloc central, et notamment chez les macronistes.
Toucher aux 64 ans ne serait plus tabou. François Bayrou l’a dit lui-même, il pense qu’il peut y avoir d’autres solutions. De quoi entamer sur des bases favorables les discussions avec la gauche pour tenter d’échapper à la censure. “La nouvelle équipe ne se sent pas liée par LA réforme chère à Emmanuel Macron”, analyse un conseiller.
Une ligne rouge pour la droite
Et puis la donne a changé. Le gouvernement a besoin du PS. “Le problème, c’est que ça se compte en milliards d’euros! Il ne faut pas tout balancer par-dessus bord, pour un accord à tout prix”, s’étrangle un macroniste.
À droite, un élu LR parle même de ligne rouge. “On n’a pas les moyens d’abandonner la réforme”, dit-il.
Un avis que partage Bernard Vivier, directeur général de l'Institut supérieur du travail. Invité ce jeudi matin sur RMC, il estime qu’un retour en arrière est dangereux.
“On ne peut pas revenir sur cette réforme. Ce que nous vivons aujourd’hui, c’est qu’il y a deux enjeux. Un enjeu à court terme politique, François Bayrou a besoin du Parti socialiste pour sa déclaration de politique générale et puis un enjeu financier. La réforme de 2023 n’a pas permis de résorber le déficit, lequel déficit en 2030 sera de 14 milliards d’euros. Donc nous ne pouvons pas vivre au-dessus de nos moyens”, assure-t-il.
“Tout est ouvert à condition de ne pas dégrader les comptes”, tempère une ministre, qui renvoie aux futures discussions. François Bayrou a donné six mois. Encore faut-il que les socialistes acceptent d’attendre jusque-là.