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Législatives: la droite veut-elle vraiment gouverner avec Emmanuel Macron?

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Que se passe-t-il à droite? Veulent-ils gouverner avec Emmanuel Macron? Le doute persiste chez les LR notamment, où deux visions s'opposent.

L’Élysée a confirmé mardi que Gérard Larcher avait rencontré le président de la République et jure que cet entretien n’avait pour seul objet que des raisons institutionnelles. Assez, en tout cas, pour relancer les rumeurs d’une éventuelle arrivée de Gérard Larcher à Matignon.

Certains LR sont prêts à cette coalition avec le camp présidentiel. À commencer par Xavier Bertrand, le président de la Région des Hauts-de-France, et Olivier Marleix, le député d’Eure-et-Loir. Avec un argument: faire barrage à un gouvernement de gauche qui, selon eux, serait dominé par la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

Une idée qu’Aurélien Pradié, le député du Lot qui a quitté les LR en juin, et Annie Genevard, l’élue du Doubs, partagent aussi. Mais à condition, disent-ils, que le camp présidentiel (Renaissance, Modem, Horizons) se range derrière LR, et non l’inverse, et que le Président appelle un LR à Matignon.

Que répond Gérard Larcher?

Gérard Larcher ne semble pas beaucoup croire à cette idée de coalition. D’abord, parce que sur le plan arithmétique, ça ne fait pas une majorité absolue: 220 députés dans le meilleur des cas. Ensuite, parce que cette idée est loin de faire l’unanimité au sein de la majorité sénatoriale de droite et enfin, parce qu’il préfèrerait le scénario d’un gouvernement technique.

Edouard Philippe, lui, défend l’idée d’un “accord technique” avec LR, plus modeste, pour un an seulement, histoire “d’avancer, de gérer les affaires du pays et surtout d’empêcher la gauche de gouverner”. Pour le coup, ça pourrait matcher.

Des désaccords à droite

Mais tous, à droite, ne sont pas sur cette ligne. Notamment le nouveau venu du Palais Bourbon, Laurent Wauquiez, qui rêve de prendre les rênes du groupe LR à l’Assemblée, avec la présidentielle de 2027 en ligne de mire. Lui défend une ligne d’indépendance.

“Aucune compromission”, dit-il.

Il considère que ce serait une bien mauvaise idée de s’allier maintenant au camp présidentiel qui ressemble de plus en plus, disent ses proches, au “radeau de la méduse”. Sauf que beaucoup de députés LR ont été élus dimanche 7 juillet grâce à l’absence de candidat macroniste au premier tour ou grâce à leur désistement au second tour. Et certains jugent que le moment est peut-être venu de renvoyer l’ascenseur.

Dans le camp d’Emmanuel Macron, que disent-ils d’une telle alliance avec la droite?

Tous ceux qui viennent de la droite sont pour: Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Edouard Philippe, Aurore Bergé, Maud Bregeon, Mathieu Lefèvre, Benjamin Haddad… Leur argument est simple: le pays est à droite, il faut donc gouverner à droite et tout faire pour que la gauche ne prenne pas Matignon.

À l’inverse, tous ceux qui viennent de la gauche sont contre et pourraient même faire sécession. À commencer par Sacha Houlié, le député de la Vienne, ancien président de la Commission des Lois, qui rêve de constituer son propre groupe et de rallier une vingtaine de députés. C’est ce qu’on appelle l’aile gauche de Renaissance, avec des noms qu’on connaît bien: Elisabeth Borne, Agnès Pannier-Runacher, Stéphane Travers, l’ancien ministre de l’Agriculture…

Vous trouviez ça compliqué à gauche? C’est tout aussi compliqué à droite. C’est pour cela que ça prend du temps et que tout peut encore changer, d’ici jeudi prochain, jour de l’élection du Président de l’Assemblée nationale.

Laurent Neumann