"Les Français ne sont plus capables de faire un effort collectif": l’avis tranché d’Arthur Chevallier

Le Premier ministre tiendra ce mardi 1er octobre son discours de politique générale. Et il est attendu au tournant sur les questions budgétaires. La réaction des partis politiques, mais aussi celle de la société civile, montre que nous ne sommes plus capables de faire un effort collectif.
Un pays, c’est comme un mariage. On est ensemble pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Et en ce moment, la France traverse une mauvaise passe. Les comptes sont dans le rouge et on doit trouver de l’argent à tout prix. C’est la mission impossible de Michel Barnier et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas aidé.
On a l’impression que la France entière s’est passé le mot pour faire preuve de mauvaise volonté. Avant même que des décisions ne soient prises, personne ne veut jouer le jeu. D’un autre côté, il va annoncer des coupes budgétaires, c’est normal que tout le monde essaye d’y échapper.
En temps normal, défendre son intérêt, c’est compréhensible, mais en période de crise, c’est irresponsable. L’opposition passe ses journées à menacer Michel Barnier d’une motion de censure. Même la macronie s’y met, alors qu’ils participent au gouvernement: 27 députés annoncent qu’ils s’opposent par avance à toute hausse d’impôts. Dimanche, Gérald Darmanin, en a rajouté une couche dans le même sens.
Donc, on a compris: il ne faut pas augmenter les impôts. Après tout, pourquoi pas, mais dans ce cas, il faut faire des économies. Mais là aussi, c’est non… Tout le monde y va de ses revendications: le monde de la culture, celui de la recherche, celui de l’environnement, et même la Poste. Ça réagit aussi du côté des énergies vertes, le secteur s’alarme par avance des coupes budgétaires. Le patron du Medef ne manque pas à l’appel: lui aussi a exprimé son inquiétude.
Et si Michel Barnier prenait exemple sur Louis XIV?
Ainsi, tout le monde met des coups de pression et personne ne propose de solutions. C’est souvent comme ça en période de crise. Mais la France a déjà connu des moments où elle s’est retrouvée au pied du mur. Les efforts étaient d’ailleurs bien plus importants que ce qu’on attend aujourd’hui.
À la fin du règne de Louis XIV, en 1709, le roi affronte presque toute l’Europe dans ce qu’on appelle la Guerre de succession d’Espagne. L’armée enchaîne les défaites, et Louis XIV écrit une lettre aux Français pour leur expliquer qu’il a besoin d’eux. Soit il signe une paix catastrophique, soit tout le monde se mobilise.
Et ça fonctionne, on s’engage dans l’armée et les plus riches envoient de l’argent. Des nobles et des bourgeois vont même jusqu’à vendre leur vaisselle pour contribuer à la guerre. À commencer par le roi, qui vend la sienne pour donner l’exemple.
L'Etat devrait montrer l'exemple
Alors, les Français sont-ils aujourd’hui incapables de fournir un tel effort? On finira de toute façon par y être obligé. Les gouvernements n’ont pas toujours eu le courage de prendre des décisions difficiles.
Si Michel Barnier augmente les impôts, baisse des aides sociales ou réduit des budgets, ce n'est pas parce qu’il est méchant, c’est parce qu’il n’a pas le choix. L’État devrait d’ailleurs, comme Louis XIV, montrer l’exemple et réduire ses dépenses.
Les moments difficiles, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. C’est aussi là qu’on renforce la solidité d’un pays. Ça sert aussi à ça, un peuple: surmonter les épreuves. Des mots comme “impensable”, “inenvisageable” ou “impossible”, ça ne doit plus faire partie de notre vocabulaire.