Motion de censure déposée contre Bayrou: le RN a les cartes en main, mais donne rendez-vous au budget

François Bayrou a beau tenter de sauver son conclave sur les retraites, son gouvernement ne tient plus qu’à un fil. Le PS a annoncé déposer une motion de censure contre le gouvernement, qui devrait être vraisemblablement soumise au vote la semaine prochaine après l'échec des négociations entre syndicats et patronat sur les retraites.
Les socialistes jugent que le Premier ministre n’a pas tenu son engagement de janvier dernier. Il avait promis de soumettre "en tout état de cause" un texte devant le Parlement, permettant aux députés de débattre de l’âge de départ à 64 ans, quelle que soit l’issue du conclave. Les socialistes veulent désormais renverser le gouvernement Bayrou, mais sans certitude d'y arriver.
“Force est de constater que le Premier ministre refuse de laisser le point au Parlement. La situation est totalement bloquée et donc nous prenons nos responsabilités si le Premier ministre n’est pas capable de les prendre”, pointe la députée Mélanie Thomin.
Le RN, maillon indispensable de la censure
Pour renverser le gouvernement, les voix du RN seront indispensables, sauf qu'à ce stade, le parti de Jordan Bardella ne semble pas faire de cette censure sur les retraites une priorité. “On ne s’interdit rien et on ne s'interdira rien. Maintenant, le moment de vérité de ce gouvernement va arriver entre la rentrée et la fin de l’année à l’occasion du vote du budget”, pointe Jordan Bardella.
Mercredi matin, Sébastien Chenu, vice-président du RN, assure sur France inter que son parti ne votera pas la censure et donne "rendez-vous au moment du budget".
"Le rendez-vous de la censure c'est à l'automne au moment (...) son tour viendra", a-t-il acté face à Léa Salamé
Une attitude qui ne devrait pas convaincre le député communiste Yannick Monnet, qui se disait favorable à la censure mardi.
“Il y a une majorité politique contre la réforme des retraites dans l’Assemblée nationale et on ne sanctionnerait pas le gouvernement sur cette question spécifique des retraites… Chacun est libre de sa conscience en politique”, déplorait-il avant la prise de parole de Sébastien Chenu.
En décembre dernier, le RN avait finalement appuyé sur le bouton
Une chose est sure, les cadres, et les élus frontistes se frottent les mains car ils sont bien conscients qu'avec la motion de censure des socialistes, le RN revient au centre du jeu. Ils ont beau laisser entendre que cette fois, ils épargneront François Bayrou, attention aux précédents. Le groupe de Marine Le Pen n'en est pas à son premier coup de Trafalgar et peut changer d'avis jusqu'au dernier moment. En décembre dernier, le RN ne comptait pas censurer Michel Barnier avant de finalement appuyer sur le bouton.
Le parti fait donc monter la pression et pourrait trouver un prétexte pour finalement faire tomber le gouvernement. Car ne pas censurer le gouvernement sur les retraites, une réforme qu'ils ont combattue, pourrait aussi susciter l'incompréhension de leurs électeurs.
Au sein du bloc central, on ne se fait plus beaucoup d’illusions. “C’est l’échec de sa méthode”, constatent plusieurs élus, chez LR comme chez les macronistes. “Pourquoi s’obstiner sur les retraites, personne ne voit d’issue”, dit-on chez Renaissance.
Opposition comme bloc central font le même constat. Si François Bayrou survit à cette motion de censure, la tâche s'annonce beaucoup plus complexe à l'automne, lors de l'examen du budget.