Municipales 2020: assistant social, confident, maître d'œuvre… le quotidien du maire d'Evron, en Mayenne
Aller chercher une simple baguette de pain peut s’avérer être une vraie expédition pour Joël Balandraud: "'Monsieur Balandraud, quand je le verrais, je lui dirais'. Ça en général, c’est pour me dire que quelqu’un a la haie mal taillée, qu’il y a un trou dans le trottoir… Je me prends la marée pendant 10 minutes. A portée de baffes, comme dirait un célèbre président de Sénat".
Le maire d’Evron préfère donc recevoir ses administrés autour de la table ronde de son bureau aux murs blancs, plusieurs fois par semaine, sur rendez-vous.
"Il est dans toutes les vies de tout le monde, dans tous les moments à la fois"
C’est là que le maire se mue en confident, comme avec Laurette: "Je suis réflexologue plantaire avec une activité d’hypno-thérapeute. Je reçois 10 ou 12 rendez-vous par jour. Je ne figurais pas cette année sur l’agenda des professionnels de santé ou paramédical. C’était important pour moi qu’il sache que j’existe et que j’étais là. Je n’avais pas envie d’intermédiaire".
Plus surprenant: il s’improvise parfois assistant social. "Il n’y a pas longtemps, je partais d’Evron pour Laval et sur la route je croise quelqu’un à 8h30 du matin. Il fait humide et froid et il est allongé sur la route. C’est un jeune, malade et alcoolisé donc on le relève, on appelle la police municipale pour l’encadrer et en même temps, on bascule dans la demie heure d’après, sur une discussion autour d’enjeux territoriaux un peu démentiels pour l’installation d’une grosse entreprise. Ça fait partie du plaisir".
Souvent bureau des plaintes, parfois bureau des pleurs, tout y passe. Du marquage au sol devant les commerces du centre-ville, aux problèmes de voisinage: "On a sa vie professionnelle, on a sa vie personnelle, on a sa vie associative mais le maire il les a toutes à la fois. Il est dans toutes les vies de tout le monde, dans tous les moments à la fois. C’est un truc extraordinaire".
"C’est 15 mondes ou 20 mondes qui cohabitent et le maire, il est au milieu de tout ça"
Ce matin là, Joël Balandraud est pendu à son téléphone. Il règle les derniers détails de la nouvelle buvette du gymnase municipal avec la présidente du club de handball de la ville.
Un investissement de tous les jours, qui l’oblige à rester sur le qui-vive: "Vous ne parlez pas au patron du bar comme vous parlez à un directeur des services. C’est 15 mondes ou 20 mondes qui cohabitent et le maire, il est au milieu de tout ça".
Sa bouffée d’oxygène: la première semaine de toutes les vacances scolaires, qu’il partage avec ses enfants. Il l’assure, il les dépose tous les matins à l’école, avant d’arriver en mairie.