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Municipales: pourquoi le statut spécial de Paris, Lyon et Marseille pourrait sauter

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Emmanuel Macron a annoncé que le format particulier des élections municipales de Paris, Lyon et Marseille pourrait être modifié dans une nouvelle loi. Voici pourquoi.

Aux prochaines élections municipales, en 2026, les électeurs de Paris, Lyon et Marseille devraient voter comme le reste de la France. Emmanuel Macron a annoncé lors de sa conférence de presse mardi soir une réforme du statut particulier des trois plus grandes villes de France, la loi "PLM", comme "Paris Lyon Marseille", qui fait que dans ces trois villes, on ne vote pas comme dans le reste de la France.

Les électeurs y votent par secteurs ou par arrondissements. Puis les élus de ces secteurs élisent ceux qui vont siéger à la mairie centrale, qui à leur tour élisent le maire de la ville. En fait, il y a un échelon de plus.

Cela complique un peu les choses et peut donner exceptionnellement, un résultat inversé. C'est-à-dire que l’on peut se retrouver avec un maire qui a obtenu moins de voix que son adversaire. C’est arrivé une fois à Lyon en 2001: Gérard Collomb l’avait emporté en étant minoritaire en voix, et une fois à Marseille en 1983.

D'où vient ce statut particulier?

C’est Gaston Deferre qui a créé cette bizarrerie. Avocat et grand résistant, il a été maire de Marseille dès 1944, puis de 1953 jusqu'à sa mort en 1986. Il était connu pour son très fort caractère, mais aussi pour ses liens avec le grand banditisme corse, ce qui ne l’a pas empêché d'être nommé ministre de l'Intérieur par François Mitterrand en 1981.

C’est à ce moment-là qu'il a inventé ce statut spécial pour Paris et Lyon mais surtout pour lui-même à Marseille. Parce qu’il savait qu’il risquait de perdre les municipales de 1983. Il s’est livré à véritable un charcutage électoral pour créer de toutes pièces des secteurs à sa mesure. Et c’est comme cela qu’il l’a emporté alors qu’il avait obtenu moins de voix que le jeune loup de la droite marseillaise, Jean-Claude Gaudin.

La presse locale ne s'était pas beaucoup émue de ce scandale démocratique parce que les deux grands journaux marseillais, le “Provençal”, de gauche, et le “Méridional”, de droite, appartenaient l’un et l’autre à un certain… Gaston Defferre.

Cette inversion du résultat n’est arrivée qu’une fois à Marseille, mais aux dernières municipales, la liste de gauche était arrivée largement en tête en voix mais avec un très faible avantage en sièges. Et il s’en était fallu de peu pour que Michèle Rubirola ne soit pas élue alors qu’elle avait gagné les élections.

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Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Élections municipales, la loi PLM bientôt réformée ? - 18/01
3:59

Paris a aussi une histoire particulière

La capitale n'a longtemps pas eu de maire. La fonction a été supprimée à la Révolution. On craignait que le maire de Paris ait trop de pouvoir. Napoléon a ensuite décidé que la ville serait dirigée par un préfet et un préfet de police. Le conseil municipal n’avait aucun pouvoir.

C’est Valéry Giscard d'Estaing qui a rétabli la fonction dans les années 1970. Il voulait que son ami Michel d’Ornano soit le premier maire de Paris. Raté, Jacques Chirac s’est présenté contre le candidat du président VGE, et l'a emporté.

Aujourd’hui encore, Paris a un statut particulier avec un préfet de police qui a beaucoup de pouvoir, parce que le maintien de l’ordre à Paris est une chose trop sérieuse pour être confiée à un élu.

La mairie de Paris est un mammouth qui emploie plus de 50.000 agents. Et c’est un poste prestigieux qui fait rêver. On l’a vu avec les déclarations de Rachida Dati mercredi qui, à peine nommée ministre de la Culture, a bien précisé que son objectif restait de devenir maire de Paris en 2026.

Les proches d'Anne Hidalgo pas ravis

Emmanuel Macron l’a annoncé dans sa conférence de presse fleuve de mardi soir. Il veut qu’un électeur puisse avoir les mêmes droits à Paris, Marseille et Lyon que dans toutes les autres villes. Une proposition de loi du député Sylvain Maillard sera bientôt examinée. Ce qui n’emballe pas les élus parisiens actuels...

Les proches d’Anne Hidalgo ont denoncé mercredi un tripatouillage électoral. Rachida Dati, elle, est satisfaite. Le maire de Marseille Benoit Payan approuve également ce retour à la normale. Quant au maire de Lyon, Grégory Doucet, il juge que cela n’a pas beaucoup d'intérêt. Et que c’est surtout une histoire parisienne.

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)