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“On souffre, on a besoin d’aide”: les grandes attentes des Marseillais avant la visite d'Emmanuel Macron

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Emmanuel Macron se rend ce lundi à Marseille, pour une nouvelle visite de trois jours dans la cité phocéenne. Le président est attendu notamment sur les thèmes de la sécurité et de l’insalubrité des logements.

Emmanuel Macron s’apprête à revenir à Marseille en déplacement officiel. Une visite de trois jours dans la deuxième ville de France où le président avait annoncé, il y a deux ans, les premières mesures de son plan “Marseille en grand” pour changer le quotidien des habitants.

Insécurité, désenclavement des quartiers, rénovation des écoles et des bâtiments… Le chantier lancé par l’État est grand, et les attentes des habitants sont nombreuses avant cette visite.

Sur le célèbre marché de la Plaine, dans le 1er arrondissement de Marseille, le thème qui revient majoritairement dans les exigences des Marseillais est celui de la sécurité, dans une ville gangrénée par les trafics et les règlements de compte.

"C'est comme Chicago"

Si le président de la République abordera la problématique dès son arrivée en terres marseillaises, il est déjà trop tard pour certains Marseillais qui pensent que l’Etat a abandonné la ville.

“Cela fait des siècles que c’est la me***, on est toujours la dernière roue du carrosse, pourtant l’hymne national s’appelle la Marseillaise”, s’exclame Dove, un commerçant de la ville.

“L’insécurité, la délinquence, la misère… C’est comme Chicago, seulement on a 30 ans de retard par rapport aux Américains. A l’époque à Chicago, on tuait des gens pour 10 dollars”, poursuit le Marseillais.

Alors pour lui, “c’est simple, il faudrait peut-être légaliser le cannabis, voir avec les chefs des réseaux pour qu’il n’y ait pas de guerre, leur donner des coffee shops à gérer avec des licences et tout rentrer dans l’ordre pour ne pas avoir de minots de 18 ans qui se fassent tuer”.

"On vit au rythme des fusillades"

Au cours de la Matinale Week-End, diffusée sur RMC, une autre habitante de Marseille était invitée à développer son point de vue sur la situation de la ville, à quelques heures de l’arrivée du président de la République.

Membre d’un groupe de veille du quartier de la Busserine, dans le XIVe arrondissement, Fadella Ouidef a expliqué que peu de choses avaient bougé depuis l’annonce du plan “Marseille en grand”.

“Mon quotidien reste toujours le même puisqu’on vit toujours au rythme des fusillades et de la violence”, dit-elle avec fermeté.

“On se sent de moins en moins en sécurité à Marseille. On voit les forces de l’ordre, davantage cette année en journée, mais le problème c’est que les fusillades ne se passent pas en journée mais la nuit”, déplore Fadella Ouidef, habitante d’un quartier de Marseille.

Alors, pour elle, “la solution ça ne sera pas que la police”. Fadella Ouidef estime en effet que les soucis sont nombreux, et que “venir tous les deux ans pour faire des coups de com’, c’est bien pour Emmanuel Macron mais nous ça ne change rien”.

“On souffre. On a besoin d’aide. L’école a besoin d’aide, les transports ont besoin d’aide, les logements, c’est horrible”, déplore Fadella Ouidef avec tristesse.

Si elle affirme que le président Macron “aime profondément Marseille et l’OM”, la membre du groupe de veille explique que “seuls les habitants marseillais peuvent vraiment ressentir ce qu’on vit, au rythme des fusillades, au rythme de qui est mort ce soir”. Et de conclure : “la misère des gens, si on ne la voit pas et on ne la vit pas, on ne peut pas la comprendre”.

Le président de la République doit se rendre à de multiples endroits de la cité phocéenne lors de ses trois jours de déplacement. Il passera par le quartier de la Busserine, mais aussi à l'hôtel de police de la rue de l'Évêché, à la prison des Baumettes, dans la cité des Campanules, à l’hôpital militaire Lavéran ou encore dans le Grand port maritime de Marseille.

Alexis Lalemant, Mathieu Limongi