"Pas là pour vendre du shit, mais pour travailler": les sans-papiers des métiers en tension attendent la régularisation

La régularisation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en tension, contenue dans le projet de loi immigration, est au menu des débats à l'Assemblée nationale ce lundi. La mesure, durcie au Sénat, a été assouplie en commission et pourrait être encore retoquée.
Dans la dernière version de compromis adoptée en commission, le travailleur avec plus de huit mois d'ancienneté n'a plus besoin de passer par son employeur pour être régularisé. Et le préfet a la possibilité de s'opposer à la délivrance de ce titre de séjour spécial d’un an qu'en cas de trouble à l'ordre public, non-respect des valeurs de la République ou polygamie.
Cette nouvelle mouture ne crée ni une procédure "discrétionnaire" au bon vouloir du préfet, comme le souhaitaient les sénateurs, ni un droit automatique à la régularisation, comme le voulait le gouvernement. Mais la mesure fait débat. La droite menace de ne pas voter le texte et craint que ces régularisations créent un "appel d'air".
"Il manque de la main-d’œuvre"
En CDI dans une société de nettoyage depuis trois ans, ce sans-papiers malien travaille, comme 200.000 à 400.000 étrangers dans sa situation. Et Il n'attend qu'une chose pour, vivre sereinement, être régularisé. Mais les débats parlementaires à venir l'inquiètent.
“Ils disent qu’il y a trop d’immigration, mais regardez les transports en commun à 5h du matin. Il n’y a que des étrangers et ils ne sont pas là pour vendre du shit, mais pour travailler. Ceux qui sont dans les métiers sous tension, il faut qu’ils soient régularisés parce que, que ce soit pour sortir les poubelles ou le nettoyage des immeubles, tout le temps, il manque de la main-d’œuvre".
Des manifestations devant l'Assemblée
Les travailleurs sans papiers interrogés sont quasiment satisfaits de la dernière version du texte. Les patrons des secteurs en tension aussi, mais ils s'impatientent dans la restauration, le bâtiment ou l'aide à domicile. Dafna Mouchenik, dirigeante de LogiVitae, redoute un nouveau retour en arrière des parlementaires.
“Soyez pragmatique, il ne faut pas faire le jeu de l’extrême droite. Il y a des gens dont on a foncièrement besoin qui sont déjà là, qui sont une richesse pour la France. Il faut absolument les régulariser”, appuie-t-elle.
Il y aura cette semaine, devant l'Assemblée, des manifestations de sans-papiers. "Il faudrait qu'on se mobilise tous ensemble", estime cette patronne.