"Pause" du plan de réduction des pesticides: les écologistes dénoncent un "cadeau empoisonné"

"Sacrifier l'environnement pour avoir la paix avec la FNSEA." Les associations et ONG environnementales sont formelles, le gouvernement a fait "un bond de 15 ans en arrière", selon François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
Pour calmer la colère des agriculteurs, l'État a annoncé, jeudi, qu'il mettrait en pause le plan ecophyto 2030. Lancé après le Grenelle de l'environnement en 2008, il avait pour but de réduire de moitié l'usage des pesticides d'ici 2030.
Incompréhension chez les écologistes
Les organisations écologistes sont donc vent debout après cette annonce. "On est complètement horrifiés par cette réaction du gouvernement qui est faible. Celle-ci est particulièrement rétrograde parce qu'on parle d'un plan de réduction de l'usage de pesticipes qui n'a produit aucun résultat. Plutôt que de renforcer le plan, ce qu'il aurait fallu faire, on met en pause", déplore François Veillerette.
"Moi je pensais que l'urgence était d'arrêter la pollution, par exemple de l'eau, on trouve des métabolismes de pesticide dans les robinets d'une dizaine de millions de Français", alerte-il.
Cette décision est "un cadeau empoisoinné faits aux agriculteurs", selon Marie Toussaint, députée européenne et tête de liste EELV pour les Européennes. Les agriculteurs "sont les premiers à être empoisonnés justement par ces pesticides. On compte, dans le milieu agricole, plus de 50% de probabilité de tomber malade d'un lymphome ou d'un cancer de la lèvre. Ce sont des cancers qui sont liés aux pesticides, donc il faut changer de modèle, d'abord et avant tout, pour celles et ceux qui nous nourrissent", a-t-elle argumenté.
"On a un gouvernement qui cède aux revendications de la FNSEA, pas de l'ensemble des personnes qui sont mobilisées sur le territoire aujourd'hui dans le monde agricole", se désole l'élue écologiste.
Un nouvel indicateur pour mesurer l'usage des pesticides
Le gouvernement assure, de son côté, qu'il veut "simplifier" ce plan, avec comme échéance le salon de l'agriculture, qui se tient à la fin du mois de février. Le gouvernement veut retravailler sur un nouvel indicateur pour mesurer l'usage des molécules par les agriculteurs, qui étaient mécontents du Nodu, celui mis en place jusqu'à maintenant.
Le danger pour les associations, c'est que cet indicateur devienne trop souple. "Détruire cet indicateur, ce serait casser le thermomètre et passer à un nouveau système de mesure avec beaucoup d'imperfections par rapport aux propositions qu'avance notamment la FNSEA. C'est en ça que c'est un peu inquiétant", s'alarme Thibaud Leroux responsable du pôle nature de France Nature Environnement.
Les représentants associatifs s'inquiètent que les prochains chiffres de baisse des pesticides soit faussés, et ce alors que l'État doit rendre des comptes devant la justice sur ses engagements environnementaux au moins de juin.
Au sein de l'exécutif, on explique qu'il n'est pas question de revenir sur le principe, celui de protéger l'environnement et la santé des Français, mais plutôt sur la méthode. Le gouvernement se targue, d'ailleurs, de tenir bon sur les zones de non-traitement, la distance de sécurité au-delà de laquelle il est interdit de répandre des pesticides. Gabriel Attal veut, enfin, interdire l'importation de produits traités au thiaclopride, un pesticide interdit en Europe, mais utilisé dans d'autres pays.