Perquisition au siège du Rassemblement national: justice ou "acharnement"?

Une vingtaine d'enquêteurs et deux juges d'instruction de la brigade financière et anticorruption du parquet de Paris ont perquisitionné mercredi le siège du RN. D'autres perquisitions ont été menées simultanément dans des sociétés et au domicile de leurs dirigeants.
Les enquêteurs soupçonnent le RN d'avoir financé de manière illicite les dernières campagnes électorales. Le président du parti Jordan Bardella a dénoncé un acharnement et une atteinte grave au pluralisme.
Les enquêteurs cherchent à savoir si le RN, habitué à emprunter de l'argent à ses soutiens faute de pouvoir le faire auprès des banques françaises, a oui ou non respecté les règles en vigueur. S'il est possible de prêter à un parti, ces prêts ne peuvent se répéter de manière "habituelle" et ne doivent durer plus de 5 ans.
Bardella dénonce un acharnement judiciaire
Un soupçon qu'a écarté ce jeudi matin sur RMC, Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme.
“Des prêts de particuliers encore heureux que oui puisque c’est la seule façon qui nous reste de nous financer. Je vous rappelle que le système bancaire nous a interdit le financement et ensuite, on nous a interdit le financement bancaire d’autres banques étrangères. Il n’y a aucun prêt qui a été fait en dehors des clous et en dehors de la loi. Si bien que la commission des comptes de campagne a validé tous les comptes financés par ces prêts, a validé tous les comptes du parti politique qui lui sont envoyés chaque année et nous leur avons envoyé toutes les précisions nécessaires”,explique-t-il.
Le problème, c'est que selon le magazine Challenges la commission des comptes de campagne aurait signalé à la justice, une vingtaine de prêts suspects supérieurs à 100.000 euros. "On en est au comptage de prêts accordés par Mme Michu au RN, ces accusations sont grotesques" a estimé mercredi le trésorier du Rassemblement national.
Un acharnement judiciaire dénoncé par Jordan Bardella au moment où Marine Le Pen attend son procès en appel et au lendemain de l'ouverture d'une autre enquête cette fois à Bruxelles pour irrégularités financières au Parlement européen.
Jordan Bardella répète que le RN n’a rien à se reprocher et dénonce une opération politique des juges, visant à empêcher le Rassemblement national d’accéder au pouvoir. Une ligne de défense particulièrement agressive envers les magistrats.
Une charge contre les juges est violente, et le RN l’assume. Marine Le Pen elle-même a donné le ton. En privé, elle pointe un problème démocratique. “Ils veulent qu’on soit coupables”, dit-elle. “Ça commence à se voir”.
Stratégie de victimisation dénonce le bloc central
Des éléments de langage largement diffusés, par tous les cadres du parti et notamment Jordan Bardella.
“On est là dans une opération qui est une opération politique qui vise non seulement à déstabiliser le Rassemblement national, mais également à l’empêcher de participer aux prochaines élections et de le mettre à mort sur le plan financier. Donc la France vit une dérive démocratique extrêmement inquiétante. Elle me fait plus penser à un pays comme la Russie”, a-t-il indiqué.
Acharnement, persécution… Depuis la condamnation de Marine Le Pen au printemps, le RN est revenu à sa stratégie “antisystème”, dénonçant des magistrats politisés.
Une ficelle un peu grosse, juge-t-on du côté du bloc central. “Le RN n’est pas au-dessus des lois”, réplique la porte-parole des députés Renaissance, Prisca Thévenot.
“S’ils n’ont rien à se reprocher, ils ouvrent grand les portes et ils laissent la justice faire son travail comme n’importe quel autre citoyen. Il faut qu’ils arrêtent de se rouler dans les draps de la victimisation et du complotisme”, appuie-t-elle.
Et le RN ne compte pas s’arrêter là. Une pétition a même été mise en ligne dès mercredi soir.