Pourquoi Emmanuel Macron veut prendre son temps pour nommer un nouveau Premier ministre

Lundi, Gabriel Attal a présenté sa démission à Emmanuel Macron qui l’a maintenu dans ses fonctions pour "assurer la stabilité du pays". En fait, pour gérer les affaires courantes. Mais c’est quoi, d’ailleurs, “les affaires courantes”?
Ce sont toutes les décisions que le gouvernement peut prendre sans avoir besoin de ses pleines prérogatives. Matignon, c’est le cœur nucléaire de l’Etat. Tout passe par Matignon. On dit même que le Premier ministre doit prendre en moyenne 50 décisions par jour, signer quotidiennement des dizaines de parapheurs pour que l’administration fonctionne et que le pays avance. Les “affaires courantes”, c’est ça. Pas de nouveaux projets de loi ou de nouveaux décrets. Juste assurer la continuité de l’Etat et des services publics.
Mais chacun a bien compris que la principale “affaire courante”, ce sont les Jeux olympiques qui démarrent le 26 juillet. Évidemment, on pense tous aux questions de sécurité, mais, en réalité, tous les ministères sont concernés: Intérieur, Défense, transports, santé, ministère des Sports…
Pas de nomination avant l'élection du président de l'Assemblée nationale?
Combien de temps peut durer ce gouvernement transitoire? Mystère. En réalité, Emmanuel Macron veut se donner du temps. Selon l’article 8 de la Constitution, ‘le président de la République nomme le Premier ministre”. C’est un de ses pouvoirs propres. Mais aucun délai n’est prévu par la Constitution. En cas de majorité absolue, c’est rapide. Il appelle le chef de la majorité et l’affaire est réglée. Mais quand la majorité est relative, et en l’occurrence après ces législatives, elle est très relative, il a besoin de temps. C’est pour ça qu’Emmanuel Macron dit vouloir attendre, je cite, la “structuration de la nouvelle Assemblée”.
Il veut d’abord connaître le vrai rapport de forces entre les groupes parlementaires, et notamment à gauche. On va par exemple découvrir que, dans le Nouveau Front populaire, et contrairement aux premiers chiffres de dimanche soir, le groupe socialiste est finalement plus fourni que le groupe des Insoumis. Ça change le rapport de force à gauche et donc l’identité de celui ou celle qu’il pourrait appeler à Matignon.
Cela signifie aussi qu’il veut peut-être attendre de connaître qui sera élu, le 18 juillet prochain, président ou présidente de l’Assemblée nationale. Le Président de l’Assemblée est élu par les députés. Au 1er et au 2e tour, cette élection se déroule à la majorité absolue, mais à partir du 3e tour, c’est à la majorité relative. Pour que la gauche puisse remporter le perchoir, elle doit se mettre d’accord sur un seul nom. Sinon, c’est le bloc central macroniste qui l’emporterait. Or, si la gauche choisit un seul candidat, celui-ci sera au centre de gravité politique de l’Assemblée. Indication primordiale pour le choix du prochain Premier ministre et la construction sinon d’une coalition, du moins de futures majorités sur de futurs textes de lois.