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Rencontre Borne-Le Pen mardi: une visite de "courtoisie républicaine", avec quels enjeux?

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La Première ministre, Elisabeth Borne, reçoit mardi Marine Le Pen à Matignon. Une rencontre que l'ancienne candidate à la présidentielle minimise selon ses proches. Quels sont les enjeux de ce rendez-vous?

Même fragilisée, la Première ministre, Élisabeth Borne, poursuit ses consultations cette semaine. Mardi, elle reçoit Marine Le Pen qui veut survoler l’exercice. Le camp mariniste minimise la rencontre. C’est une “visite de courtoisie républicaine”, balaye un très proche de Marine Le Pen. Une façon de montrer que, certes, Marine Le Pen, elle, ne boycotte pas l’invitation, mais qu’”il n’y a plus rien à attendre de Borne”, nous dit-on.

Marine Le Pen viendra tout de même accompagnée de son bras droit à l’Assemblée, Renaud Labaye, le secrétaire général du groupe et pas de Jordan Bardella, le chef du parti. “C’est parce que le gros du spectacle est au Parlement”, explique-t-on dans l’état-major. Autre preuve qu’elle semble enjamber l’exercice, elle ne s’y prépare pas spécialement. “Peut-être demain matin, juste avant le rendez-vous”, lâche un conseiller, sûr de lui. “Marine Le Pen n’a pas besoin d’une grande préparation pour aller à Matignon”. Bref, presque un rendez-vous pour rien.

Le duo compte arriver avec une pile de dossiers sous le bras, qu’ils poseront sur le bureau de la Première ministre : un récapitulatif de tous les votes du RN qui ont permis de faire passer des projets de loi du gouvernement depuis près d’un an. Ceux qui selon eux “vont dans le bon sens” comme sur le pouvoir d’achat, le nucléaire… Montrer qu’ils sont constructifs. “On en a un peu marre de faire les bons élèves et de ne rien en retour”, explique un cadre du RN.

"Cornériser" la Nupes

A contrario, ils demanderont par exemple pourquoi la majorité n’a pas voté en faveur d’un droit de visite des parlementaires dans les Ehpad, souhaité par le RN alors que la majorité dépose un texte sur le bien vieillir. “C’est la preuve que ce sujet peut faire consensus”, regrette un proche de Marine Le Pen. Alors cette fois elle le répétera, il ne faudra pas compter sur elle pour jouer au pompier si le pays est à feu et à sang.

Pourtant, en allant à Matignon, Marine Le Pen veut aussi se démarquer toujours plus de la Nupes. Les cornériser un peu plus, opposer l’attitude du RN qu’ils disent constructive, sérieuse. À celle de la gauche qui a obstrué les débats et l’extrême-gauche qui selon eux attisent les violences en manifestation.

Une tête pensante du RN explique d’ailleurs que Marine Le Pen parlera sans doute de “l’ordre républicain” à Élisabeth Borne, que Gérald Darmanin doit joindre ses paroles à ses actes. Et si la Première ministre leur répond qu’on n’a pas entendu le RN sur les retraites, qu’ils n’ont eu aucune proposition? “Si elle pense qu’on devrait hurler avec les autres, on s’en fiche, on court dans notre couloir et c’est gagnant”, balaye un stratège sans doute conforté par les récents sondages favorables à Marine Le Pen.

Hélène Terzian