Sylvie Goulard et Nathalie Loiseau, deux super-spécialistes de l'Europe qui ont explosé en plein vol
Elle était très étonnante la réaction d'Emmanuel Macron, ce jeudi à l’annonce de l'échec de sa candidate. Étonnante de franchise.
Emmanuel Macron a expliqué que tout avait été négocié: la France soutenait la candidature de l’Allemande Ursula Von der Leyen pour la présidence de la Commission européenne.
En échange, la France obtenait la présidence de la Banque centrale européenne pour Christine Lagarde et un poste de super commissaire, c’est a dire de super ministre pour Sylvie Goulard. Elle devait être chargée du marché intérieur, de la politique industrielle, de l’industrie, de la défense et de l’espace, du numérique et la culture. Une sorte de numéro deux de la Commission de Bruxelles.
Tout était calé, tout le monde était d’accord, a expliqué Emmanuel Macron qui au passage révèle les petits secrets de la cuisine européenne, et patatra, la candidate française a été recalée. “Il faudra qu’on m’explique” a dit le Président.
Une explication assez simple
On connaît la formule sur le foot: le football est un jeu qui se joue à 11 et à la fin ce sont les Allemands qui gagnent. On peut l’adapter à l’Europe. C’est un jeu qui se joue à 28 et à la fin c’est le couple Franco-Allemand qui gagne et qui décide de tout.
C’était comme ça depuis la création de l’Europe. Quand les Français et les Allemands se mettaient d’accord, les autres suivaient. C’était comme ça jusqu’à ce jeudi. Jeudi, le parlement européen s’est rebellé. Il a estimé que la candidate française ne présentait pas les garanties d'indépendance nécessaires et a refusé de confirmer sa nomination. Avec une majorité écrasante de 82 voix contre 29.
Que lui est-il reproché?
Sylvie Goulard est mise en cause dans l’affaire des assistants parlementaires du Modem qui étaient payés par le parlement mais qui travaillaient surtout pour le parti. Elle avait démissionné de son poste de ministre de la Défense du premier gouvernement d’Edouard Philippe, et même si elle n’a jamais été mis en examen, les parlementaires européens n’ont pas compris que cette affaire puisse l'empêcher d'être ministre à Paris, mais pas d'être ministre à Bruxelles. Premier problème donc.
Mais c’est surtout sa collaboration avec un club de réflexion américain, l’institut Berggruen qui choque. Elle a touché pendant plus de 2 ans, un salaire de 12.000 euros par mois en plus de sa rémunération de députée européenne pour un travail qui n’a pas été épuisant.
Nicolas Berggruen son employeur est un milliardaire américain, d’origine allemande, mais élevé à Paris, à l’école alsacienne. Son père, un collectionneur d’art ami de Picasso, lui a construit une énorme fortune aux Etats-Unis en créant un fond qui rachète des entreprises en difficultés. Ce qu’on appel un fond vautour.
C’est surtout un homme qui sait soigner son carnet d’adresse. Il a salarié ou rémunéré à peu près tous les leaders européens: Tony Blair, Mario Monti, Gerhard Schroeder, Jacques Delors… Sylvie Goulard n’a rien fait d'illégal en travaillant pour lui. Mais les temps changent. Et ce qui ne choquait personne il y a encore quelques années est aujourd’hui sanctionné.
Un désaveux terrible pour Emmanuel Macron
Toute la presse européenne parle de la gifle ou de l’humiliation infligée aux Français. Emmanuel Macron avait parié sur des femmes hypers compétentes pour maintenir l’influence française en Europe.
Christine Lagarde à la Banque centrale européenne, Sylvie Goulard, commissaire à Bruxelles et Nathalie Loiseau, présidente du groupe centriste au Parlement.
Sylvie Goulard et Nathalie Loiseau avait le même profil. Née la même année en 1964, diplomates toute les deux. L’une parle couramment quatre langues, l’autre trois, l’une a fait l’ENA, l’autre a dirigé l’ENA et toute les deux sont des spécialistes de l’Europe mais aussi des militantes de la construction européenne. Bref, des profils parfaits aux yeux d’Emmanuel Macron.
Sauf que Nathalie Loiseau s’est piégée elle-même en disant du mal de tout le monde un soir devant des journalistes qui ne devaient pas répéter mais qui étaient trop nombreux pour que ça ne soit pas répété.
Sylvie Goulard s’est aussi piégée en pensant que personne ne pourrait refuser la candidate de Paris et de Berlin. Dans les deux cas, ce qui a été sanctionné, c’est ce qu’on appelle à Bruxelles, l'arrogance Française.