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Toujours pas de gouvernement en France: "C'est complètement dingue", dénonce Cécile Duflot

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VOIX DE GAUCHE. Toujours pas de gouvernement en France. Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, a pourtant déjà été nommé il y a deux semaines. Mais quand annoncera-t-il qui seront ses ministres. Une question primordiale dont "tout le monde se fout" selon Cécile Duflot

Quinze jours déjà que le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a été nommé, mais la France n’a toujours pas de gouvernement. Et ça ne semble inquiéter personne. Auparavant on analysait toutes les rumeurs, qui va devenir ministre, et en fait, on s'en rend compte: tout le monde s'en fout.

Ça fait exactement 20 semaines depuis la dissolution de 2024 qu'il n'y a pas eu de gouvernement en tout. C'est-à-dire presque 5 mois sur 15 mois. Un tiers, c'est complètement dingue.

Voix de gauche : Pourquoi l'absence de gouvernement est inquiétante - 25/09
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C'est un problème parce que le rôle du gouvernement, ce n'est pas seulement d'aller aux questions au gouvernement, et ce n'est pas seulement de venir dans les matinales parler de l'actualité. C'est de gérer, et de gérer le fonctionnement de l'administration, de gérer des politiques dans la durée.

Et quand vous n'avez pas de ministres, il n'y a pas vraiment de pilote, et donc du coup, on fait du coup par coup ou du quotidien, mais on ne répond pas aux vrais sujets sur les questions de transport, sur les questions d'énergie.

Un péché d'orgueil du président

La tradition française, c'est que le ministre est le chef de l'administration et qu'il a un rôle national. La Belgique, qui pendant longtemps n’a aussi pas eu de gouvernement, comme on le sait, c'est un état fédéral, donc il y a beaucoup de compétences qui sont gérées à d'autres niveaux. Nous, il y a beaucoup de compétences qui sont entre les mains des ministres, et comme ils sont en plus tétanisés parce qu'ils sont sur le coup d'être renouvelés en permanence, finalement, ils ne font rien, et ils n'ont pas non plus de courage politique.

Je pense que le président de la République porte une responsabilité sur la situation actuelle. Ça date même de son premier quinquennat. Il a un peu voulu transformer son Premier ministre en directeur de cabinet.

Tous les présidents de la République sont tentés de dire “c'est moi qui décide de tout”. Et en fait, n'importe quel humain, même bourré de qualité, il ne peut pas savoir ce qu'il faut faire en politique étrangère à 8h02, s'occuper du logement à 8h12 et du transport à 8h40.

Une instabilité chronique

Je pense qu'il y a une forme de péché d'orgueil, et surtout, il y a le fait de ne pas vouloir accepter que le fonctionnement de notre institution, ça permet aux ministres de gouverner. Il y a des vidéos étonnantes de François Mitterrand qui parle de politique culturelle et qui dit “mais ça, c'est le ministre de la Culture qui est en charge”. On s'est habitués, je pense aussi depuis Nicolas Sarkozy, à ce qu'on demande tout au président de la République.

Et du coup, même le Premier ministre n'est plus capable de décider, et encore moins les ministres. Et finalement, ça crée une vraie instabilité et une vraie insécurité.

Je pense qu’il faut se concentrer sur ce qu’il faut vraiment faire. Et je pense que c'est comme ça aussi qu'on peut réussir à dégager, peut-être, quelque chose qui ressemble à une forme de majorité.

Se dire “il y a des urgences qui doivent être décidées, et décidées pas seulement pour les trois prochains mois, pour plusieurs années”. Je pense à la politique logement, parce que vraiment, on est dans une crise dont on parle moins, mais qui est toujours aussi forte. Et à l'adaptation au changement climatique, on voit bien chaque jour qu'il se passe des difficultés de plus en plus importantes. On attend que l'État se mobilise, mais pour ça, il faut qu'il y ait quelqu'un au poste de commande.

Cécile Duflot