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Ultradroite à Paris: " Il y a cet état d'esprit que le fascisme est une fois encore à nos portes"

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Des centaines de manifestants de la mouvance d'ultradroite ont défilé dans les rues de Paris hier, après l'autorisation de la justice retoquant ainsi l'interdiction qui avait été émise par la préfecture de police. Des "néo-fascistes" qui "savent jouer avec la limite" et "passionnés par la violence" pour la plupart émanant du GUD, a expliqué sur RMC Christophe-Cécil Garnier, journaliste à Streetpress.

La manifestation avait été interdite par la préfecture de police de Paris avant d'être finalement autorisée samedi matin par le tribunal adminstratif. Hier, des centaines de militants d'ultradroite ont pu défiler dans les rues de Paris.

Officiellement, la manifestation provient de l'appel d'un "Comité du 9-mai" pour commémorer la mort de l'un d'entre eux, Sébastien Deyzieu, décédé accidentellement en 1994. La commémoration est "un prétexte la plupart du temps. C'est surtout une démonstration de force", avance Christophe-Cécil Garnier.

L'entretien RMC : Christophe-Cécil Garnier - 12/05
L'entretien RMC : Christophe-Cécil Garnier - 12/05
10:52

À l'origine, une manifestation il y a 30 ans contre l'impérialisme américain

À l'origine de l'histoire, "c'est une manifestation contre l'impérialisme américain qui pour eux avait 50 ans en 1994. Donc 1944. C'est vous dire à quel point ils se positionnent d'un point de vue politique", expose en préambule sur RMC Christophe-Cécil, rédacteur en chef adjoint du pôle enquête de Streetpress.

L'interdiction de la préfecture de police intervenait cette année alors qu'elle n'avait pas émise l'année dernière et d'autant que la manifestation se déroule depuis 30 ans mais qui avait fait polémique seulement l'année dernière, du fait de l'ampleur de la mobilisation. En réaction à la polémique, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait demandé aux préfets d'interdire toutes les manifestations et réunions d'ultradroite.

Interdiction de la manifestation: "Opportunisme politique"

*"Il y a une question d'opportunisme politique. Le gouvernement avait été pris de court l'année dernière par le fait que ca devenait un sujet alors que cela ne l'avait pas été les années précédentes, tant bien même que des mouvements de gauche appelaient à l'interdiction de cette manifestation", rappele Christophe-Cécil Garnier.

Mais pourquoi la justice a-t-elle finalement autorisé cette manifestation ? "Ils savent jouer avec la limite, ils ont des tonnes d'arguments. Le racisme et le nazisme sont des opinions proscrites. Ils se disent nationalistes-révolutionnaires pour ne pas dire néo-nazis ou néo-fascites. Certains connaissent les arcanes de la justice, du Conseil d'Etat, ils réussisent à manoeuvrer comme ca", poursuit le journaliste de Streepress.

Membres du GUD, "RN-connection", Division Martel...

Parmi ces militants, il y a "un peu de tout", avance-t-il, mettant en avant que le comité du 9 est un "mouvement néo-fascite" mais surtout une "coquille vide". "Derrière, c'est le GUD (Groupe union défense), syndicat étudiant d'extrême droite qui pourrait d'ailleurs être dissous prochainement par Gérald Darmanin, toujours selon Streepress.

Des membres du GUD ayant historiquement des liens avec le RN, la "RN-connection", relate Christophe-Cécil Garnier mais aussi des membres de la Divison Martel qui avait été dissoute l'année dernière. "Ils sont de tout milieu social, certains d'origines prolétaires, d'autres ont des parents vice-président d'une grande compagnie d'énergie, ce genre de chose", assure-t-il.

"Passionnés par la violence"

Adeptes des thérories masculinistes, ils sont surtout "passionnés par la violence", résume le journaliste de Streetpress. Alors que des rassemblements du même genre ont eu lieu récemment en Allemagne et en Italie, "1.000 à 3.000 militants d'extrême droite radicalisés" auraient été recensés par les renseignements généraux en France, rapporte Christophe-Cécil Garnier.

"Ce n'est par hasard si cette manifestation a sauté aux yeux", pointe-t-il. "Il y a cet état d'esprit que le fascisme est une fois encore à nos portes", conclut le journaliste.

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