"Utilisons le droit de la laïcité": pourquoi Jérôme Guedj a saisi le procureur après l’agression de Samara

"Elle était constamment traitée de mécréante, de kouffar". Hassiba, la maman de la jeune Samara (13 ans) victime d’une violente agression devant son collège, ce mardi à Montpellier, a mis en avant un motif religieux ce jeudi sur RMC. "La jeune fille (qui la harcelait, NDLR) était voilée, la mienne s'habillait à l'européenne, elle se maquillait. Peut-être que c'est ça que l'autre élève ne supportait pas", a-t-elle raconté dans Les Grandes Gueules. Après avoir entendu ce témoignage, le député socialiste Jérôme Guedj a annoncé saisir le procureur de la République de Montpellier pour des menaces de nature religieuse, en s’appuyant sur l’article 31 de la loi de 1905 sur la laïcité.
"Cet article dit que sont punis d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende ceux qui, par menace sur des individus, agissent pour les déterminer à exercer ou s’abstenir d’exercer un culte, explique-t-il dans Apolline Matin ce vendredi sur RMC et RMC Story. Concrètement, il y a la liberté de croire ou de ne pas croire sans pression. Or, là, manifestement, il y a une pression, des menaces. Il faut enquêter. Et il faut qu’en France, au-delà de ce cas, on utilise enfin les outils juridiques du droit. Tout le monde parle de laïcité. Cet article 31 est tombé en déshérence. D’une certaine manière, c’est un peu le symbole de nos renoncements en matière de laïcité."
"C’est une atteinte à la laïcité"
"La laïcité, c’est une loi qui protège les croyants et non-croyants, ajoute Jérôme Guedj. Si on m’oblige à pratiquer la religion d’une certaine manière, c’est une atteinte à la laïcité. Et si on m’empêche de pratiquer mon culte, c’est aussi une atteinte à la laïcité. Aujourd’hui, il n’y a pas de politique pénale, ni d’instruction donnée aux parquets, ni de formation des policiers pour pouvoir recueillir ce type de plainte. Si on veut défendre la laïcité, utilisons le droit de la laïcité."
"Le principe de la laïcité, c’est la liberté de croire ou de ne pas croire sans pression, appuie le député PS. Nous sommes aux 20 ans de la loi du 15 mars 2004. C’était l’esprit de l’interdiction du port des signes religieux à l’école, pour que les jeunes puissent être exonérés de cette pression dans cet endroit-là. A l’époque, elle a été accueillie très favorablement par beaucoup de cultes. Il faut réhabiliter le fait qu’il y a non seulement une éthique de la laïcité, mais aussi un droit de la laïcité, qui dit qu’il faut s’assurer qu’il n’y a pas de pression pour ceux qui croient ou qui ne croient pas."
Alors que certains à gauche ont plutôt souligné un caractère sexiste dans cette affaire, en évitant d’aborder la question religieuse, "il faut appeler un chat, un chat" selon Jérôme Guedj. "Si c’est une pression sur la manière d’exercer son culte, ou en l’occurrence de dire ‘tu ne le fais pas comme il faut, tu es une mécréante’, c’est une atteinte à la laïcité. Il ne faut pas avoir de périphrase, de contextualisation… Elle se prolonge par une forme de sexisme, de machisme."