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Vaccination ouverte aux ados: pourquoi un tel revirement de la part d'Emmanuel Macron?

LOUIS VA PLUS LOIN - La vaccination est maintenant ouverte aux adolescents à compter du 15 juin. Pourtant, il n’y a pas si longtemps encore, Emmanuel Macron y était opposé.

C’était le 21 mai, il y a 13 jours, à l’issue d’un sommet mondial sur la santé…Le chef de l’Etat était très clair: "Nous n'avons pas le droit de stocker les vaccins dans certains pays, alors que d'autres en manquent. Et il est choquant qu'on commence parfois à vacciner les enfants là où on n'a pas encore commencé à vacciner les plus fragiles et les plus âgés."

Il y a deux raisons pour expliquer ce revirement : l’une sanitaire, et l’autre, politique. Pour atteindre l’immunité collective, il faut, selon les spécialistes, que 80 à 90% de la population soit vaccinée.

15% des plus de 70 ans pas vaccinés

Or, dans les pays qui sont allés plus vite que nous, Israël, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, un plafond de verre semble avoir été atteint: une fois passée la ruée vers les doses, les réfractaires sont difficiles à convaincre. On l’observe aussi chez nous sur les plus de 70 ans: un peu plus de 15% d’entre eux ne sont pas encore protégés.

Elargir l’accès à la vaccination, c’est donc une façon de contourner ces réticences et de faire grimper le nombre de Français immunisés, sans pour autant rendre la piqure obligatoire.

Parce que cette question de la contrainte est un problème politique pour Emmanuel Macron. Depuis le mois de décembre, le Rassemblement national met en garde contre l’obligation et affirme qu’elle finira bien par arriver.

Macron répète que ce ne sera pas obligatoire, tiendra-t-il?

Mais la pression est forte : ces derniers jours, l’Académie de médecine l’a recommandé, tout comme certains membres du conseil scientifique. Le chef de l’Etat, lui, répète depuis 8 mois qu’il ne le fera pas : en novembre dans une allocution, en décembre dans une interview au média Brut, et la semaine dernière encore en marge de son déplacement au Rwanda, il disait préférer la conviction à l’obligation.

Compliqué de se dédire à un an de la présidentielle, et de donner raison à sa principale adversaire. La vaccination des adolescents, c’est donc, aussi, un moyen de contourner cet écueil. 

Louis Amar