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"Vous m'agressez depuis 9 minutes": échange tendu avec Jordan Bardella, une journaliste écartée

Jordan Bardella, président du Rassemblement national, le 12 octobre 2023

Jordan Bardella, président du Rassemblement national, le 12 octobre 2023 - Ludovic MARIN / AFP

Un échange tendu vendredi dernier entre Jordan Bardella, tête de liste RN aux prochaines élections européennes, et Barbara Olivier-Zandronis, au micro de la RCI, radio privée majeure en Guadeloupe, a conduit la journaliste à être écartée de l'antenne. Des politiques montent au créneau pour la défendre.

Après le clash, la mise à l'écart. Barbara Olivier-Zandronis, journaliste-présentatrice de la radio privée RCI en Guadeloupe, a été écartée de l'antenne après une interview particulièrement tendue du président du RN Jordan Bardella. Une éviction qui suscitait dimanche une vive réprobation à gauche.

Dans son journal de 13 heures vendredi, la présentatrice a eu un vif échange avec l'eurodéputé, lui lançant notamment qu'il ne portait "pas de propositions" au Parlement européen. Le responsable RN a fini par demander à l'intervieweuse: "Vous avez votre carte dans quel parti politique, Madame?", ajoutant: "Vous m'agressez depuis à peu près neuf minutes en faisant les questions et les réponses".

"Je considère qu'elle n'a pas fait d'interview, elle a fait un débat politique", dénonce la direction de RCI

A la suite de cette interview tendue, la direction de RCI a retiré la présentation du journal de 13 heures à la journaliste, en CDD depuis septembre. Elle l'animait chaque semaine du vendredi au dimanche.

"Ce n'est pas la première rédaction au monde où quelqu'un est retiré de l'antenne quand il y a un couac", a justifié dimanche auprès de l'AFP Hervé de Haro, directeur délégué de RCI Guadeloupe.

"Je considère qu'elle n'a pas fait d'interview, elle a fait un débat politique. Nous ne sommes pas une radio d'opinion, et si cela avait été un autre parti cela aurait été la même chose", a ajouté ce responsable de la principale radio des Antilles.

Mélenchon au créneau

Cette mise à l'écart a provoqué de vives réactions politiques, notamment à gauche. Cinq parlementaires de Guadeloupe, les députés Elie Califer, Max Mathiasin, Olivier Serva et les sénateurs Victorin Lurel et Solanges Nadille, ont exprimé leur "indignation" dans une lettre ouverte, estimant que "la véritable essence de la liberté de la presse est incarnée lorsque les hommes politiques sont confrontés avec des questions fondamentales et franches".

Sur X, le leader LFI Jean-Luc Mélenchon a fustigé "la meute médiatique, qui s'est jetée sur moi pour un tweet au prétexte de la défense du métier", allusion à ses critiques contre la journaliste Ruth Elkrief, alors qu'elle "reste dans le silence" sur cette affaire. "Cette indignation à géométrie variable est l'aveu d'une dérive nauséabonde", a-t-il tranché.

Une pétition en ligne a été lancée pour "rétablir Barbara Olivier-Zandronis à l'antenne de RCI Guadeloupe" dépassait lundi les 7.700 signatures après avoir été relayée notamment par le communiste Fabien Roussel ou encore le directeur de Mediapart Edwy Plenel.

Dans un communiqué, la radio précise que la journaliste "demeure partie intégrante de la rédaction" et dit considérer "toute ingérence dans (son) entreprise comme inacceptable".

"Cette décision relève uniquement de la direction de RCI Guadeloupe, Jordan Bardella et le Rassemblement national ne sont aucunement responsables des choix managériaux ou éditoriaux d'une radio privée", a écrit pour sa part sur X le directeur du service de presse du RN, Victor Chabert.

J.A. avec AFP