Qu'est-ce que G.SIM, le groupe djihadiste qui retient Olivier Dubois au Sahel?

C’est l’organisation terroriste la plus active au Sahara, désignée par la France comme l’ennemie numéro un: le Groupe de Soutien à l’Islam et au Musulman, dit le G.SIM. C’est lui qui a revendiqué l’assassinat la semaine derniere de deux Espagnols et d’un Irlandais qui faisait un reportage sur les gardes-chasses au Burkina Faso. C’est ce groupe qui avait enlevé la Française Sophie Petronin, libérée en octobre dernier après quatre ans de détention. Ce sont ces terroristes qui ont exécuté un otage suisse, missionnaire évangéliste. Le G.SIM détiendrait actuellement six occidentaux, plus depuis un mois, Olivier Dubois.
>> A LIRE AUSSI - Libération d'otages au Burkina Faso: comment sont décidées les zones rouges?
Le journaliste français avait rendez-vous le 6 avril pour interviewer un cadre du G.SIM à Gao, au Mali, là où se trouve la plus grosse garnison française. L’interview devait se faire dans une voiture en plein centre-ville. Mais la voiture a démarré et on n’a plus revu le journaliste. Jusqu'à cette courte vidéo mercredi dans laquelle il précise bien le nom de ses ravisseurs: les hommes du groupe de Soutien à l’Islam et au Musulman.
Qui est le chef de ce groupe ?
On le connaît bien, c’est un Touareg, c’est-à-dire un nomade du nord Mali. Il a 60 ans, il s’appelle Iyad Ag Ghali. La dernière fois qu’on l'a vu c'est sur vidéo en octobre dernier. 200 djihadistes venaient d'être libérés par les Maliens en échange de quatre otages dont la Française Sophie Petronin. Un avion militaire les avait conduits au nord du pays et Ag Ghali les avait personnellement reçus dans le désert en leur offrant un gigantesque Méchoui. Les images de ce “banquet des terroristes” avait rendu fous les militaires français.
A part ce jour-là, il est absolument insaisissable. Une enquête du Monde, il y a trois ans, avait décrit son mode de vie. Il est à la frontière du Mali et de l'Algérie. Déguisé en berger, avec un troupeau, et souvent entouré d'enfants pour prévenir un bombardement aérien. Il ne se déplace qu’à moto, ou à dos de chameau. Il se tient loin de tout téléphone et de tout moyen de communication. Il donne ses ordres oralement à des émissaires qui viennent le voir.
C’est un homme qui a eu plusieurs vies, avant de devenir le chef terroriste et salafiste qu’il est aujourd’hui. Il a appris la guerre à 20 ans dans les légions de Khadafi en Lybie, il s’est battu à Beyrouth aux côtés des Palestiniens, puis au Tchad. Mais il a aussi vécu à Paris dans les années 90, il préparait la révolte des Touaregs depuis les cafés du quartier de la Bastille. Et plus tard, il a gagné beaucoup d’argent en négociant des libérations d'otages. Par exemple celle des employés de l’entreprise française AREVA enlevé au Niger.
Il est aujourd’hui traqué par la France et par les Etats-Unis. Et il a failli se faire prendre une fois. Il y a 5 ans, il était soigné dans un hôpital de Tamanrasset tout au sud de l'Algérie. Les services secrets Français l'ont appris et ont envoyé une équipe sur place. Deux faux médecins, et un faux blessé ont réussi à rentrer dans l'hôpital, mais ils ne l’ont pas trouvé. Il venait de changer de chambre.
Le Sahel, terreau des djihadiste aujourd'hui
Lui s’en est toujours sorti, mais d’autres leaders de ces groupes ont été tués par les Français. Son histoire pourrait laisser croire que les terroristes sont introuvables et les militaires français impuissants, mais en réalité pas du tout. Le grand chef d’al Qaïda au Maghreb, Abdel Malek Drouk Del a été tué par des commandos français à la frontière du Mali et de l'Algérie le 3 juin dernier.
Le numéro deux du groupe G.SIM, l’ancien émir de Tombouctou a été tué en 2019 au nord du Mali. Un des fondateurs d’AQMI, l’algérien Mokhtar Belmokhtar, dit le borgne, est mort dans un bombardement français en novembre 2016.
Le Sahara n’est pas un refuge très sûr pour ces terroristes. Mais le Sahel est tout de même le fief du terrorisme mondial et d’Al Qaida.
Oussama Ben Laden a été abattu par l'armée américaine, il y a exactement dix ans. C’était début mai 2011. À l’époque, l'Afghanistan était son fief et ses deux ennemis déclarés, c’était l'Amérique et les Juifs. Dix ans après, c’est au Sahel qu’Al Qaida est le plus actif et l'ennemi numéro un, ce n’est plus l'Amérique, c’est la France.