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Remaniement : "Le mix femme – jeune – diversité, on l'a déjà vu avec El Khomri, ç'a été un ratage"

Emmanuelle Cosse (à gauche) et Barbara Pompili, font partie des sept nouvelles entrantes au gouvernement.

Emmanuelle Cosse (à gauche) et Barbara Pompili, font partie des sept nouvelles entrantes au gouvernement. - Alain Jocard - AFP

24 heures après le remaniement effectué jeudi par François Hollande, les critiques pleuvent. Même l'entrée au gouvernement de sept nouvelles femmes, pour respecter la parité, ne convainc pas.

Sur les dix nouveaux du gouvernement, sept sont des femmes : Barbara Pompili (chargée de la biodiversité), Emmanuelle Cosse (Logement), Juliette Méadel (Aide aux victimes), Estelle Grelier (Collectivités territoriales), Hélène Geoffroy (Ville), Ericka Bareigts (Égalité réelle) et Audrey Azoulay (Culture). La parité du nouveau gouvernement est donc scrupuleusement respectée, avec 19 hommes et 19 femmes. Ces nouveaux visages du gouvernement sont pour certains connus, comme celui de la secrétaire nationale d'Europe Écologie - Les Verts, Emmanuelle Cosse, ou celui de la députée de la Somme Barbara Pompili. Mais François Hollande a aussi fait appel à des femmes dont l'action était jusqu'à présent restée très discrète vis à vis du grand public. Il existe néanmoins un point commun à toutes ces nouvelles entrantes : le fait de n'avoir jamais fait partie d'un gouvernement.

Alors un casting renouvelé, féminisé, peut-il redynamiser l'exécutif et François Hollande en particulier ? Pas vraiment. Au contraire, même si l'on en croit le président de l'institut de sondage Odoxa, Gaël Slimane. "Catastrophe, on n'a pas d'autres mots pour expliquer la manière dont va être reçu ce remaniement" par l'opinion publique, assure-t-il sur BFMTV.

"Pour les Français, ça peut cacher une incompétence"

Pourtant les Français sont prompts à réclamer un renouvellement en politique. Mais l'arrivée de ces nouveaux visages au gouvernement ne devrait pas être accueillie avec enthousiasme par la population estime Philippe Moreau-Chevrollet, spécialiste en communication politique, interrogé par RMC. "Le mix femme – jeune – diversité, on l'a déjà vu avec Myriam El Khomri (ministre du Travail, NDR) et cela a été un ratage monumentale, parce qu'elle s'est trompée quasiment dès son arrivée".

Philippe Moreau-Chevrollet fait ici référence à l'incapacité pour la ministre de répondre à Jean-Jacques Bourdin quant au nombre de renouvellement de CDD autorisé par la loi, le 5 novembre dernier sur RMC et BFMTV. "Ce genre d'échec ça abîme la formule qui voudrait que quand on a ce type de visages c'est génial, ça entraîne une popularité. Au contraire, pour les Français ça peut cacher une incompétence. Le fait qu'au fond, on n'a pas d'autres choses en stock".

Une parité en trompe-l'œil

Mais pour Claire Serre-Combe, le problème n'est pas là. La porte-parole d'Osez le féminisme dénonce une parité en trompe-l'œil. Elle regrette que les ministères régaliens (la Défense, l'Intérieur, la Justice, l'Économie et les finances, le Quai d'Orsay) soient tous occupés par des hommes, comme si sur les vrais sujets, les femmes n'avaient pas leur place. "On voit qu'en cas de crises majeures, ce sont les ministres qui ont des portefeuilles régaliens qui sont convoqués à l'Élysée. On les compte sur les doigts d'une main. Jusqu'à présent, il y avait Christiane Taubira, Garde des sceaux, qui faisait partie des quelques personnes convoquées. Et maintenant, les cinq doigts de la main seront représentés par des hommes". "La parité ce n'est pas juste un accessoire pour faire joli, c'est pour montrer qu'on peut être une femme à un poste de pouvoir".

P. G. avec Claire Checcaglini