Accord "a minima", "occasion ratée": pourquoi la COP25 est un échec pour répondre à l'urgence climatique

La COP25 a débuté le 2 décembre et s'est achevée samedi dernier, à Madrid. Celle-ci a fait un flop. Du jamais vu en 25 ans.
"Je suis déçu du résultat de la COP25", a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un communiqué.
"La communauté internationale a raté une occasion importante de faire preuve d'une ambition plus grande en matière d'atténuation (réduction des émissions de gaz à effet de serre), d'adaptation et de financement de la crise climatique", a-t-il insisté. "Nous ne devons pas abandonner, et je n'abandonnerai pas."
La conférence climat de l'ONU s'est donc conclu sur un accord a minima sans s'entendre sur des points essentiels en raison des réticences de certains Etats.
Après une année marquée par des catastrophes climatiques tous azimuts, les appels vibrants de millions de jeunes descendus dans la rue derrière la jeune Suédoise Greta Thunberg, et des rapports scientifiques toujours plus glaçants, les quelque 200 signataires de l'Accord de Paris étaient sous une pression sans précédent pour cette COP25 présidée par le Chili mais délocalisée à Madrid en raison de la crise qui frappe le pays d'Amérique du sud.
Mais au terme de cette conférence qui a débordé de plus de 40 heures son programme initial, tout le monde n'a pas vu dans les textes adoptés dimanche le reflet de cette demande d'actions radicales et immédiates. Cette COP "laisse un goût doux-amer", a commenté la ministre espagnole de l'Environnement Teresa Ribera.
Le texte final appelle effectivement à des "actions urgentes" pour réduire l'écart entre les engagements et les objectifs de l'accord de Paris de limiter le réchauffement à +2°C, voire +1,5°C. Un projet de texte sur les ambitions présenté samedi par la présidence chilienne avait provoqué une levée de bouclier de ces Etats, forçant à un nouveau round de consultations.
Tensions entre pays
Mais malgré les améliorations, certains pays particulièrement touchés par les dérèglements climatiques ont exprimé leur colère.
Sans surprise, quasiment aucun des grands pays émetteurs n'a fait d'annonce significative pour rehausser ses ambitions, ni donné de signe clair d'une telle intention pour 2020. Evidemment pas les Etats-Unis qui quitteront l'accord de Paris en novembre prochain, mais pas non plus la Chine ou l'Inde. Ces deux grandes économies insistent, avant d'évoquer leurs propres engagements révisés, sur la responsabilité des pays développés d'en faire plus et de respecter leur promesse d'aides financières aux pays en développement.
Au rythme actuel des émissions de CO2, le mercure pourrait gagner jusqu'à 4 ou 5°C d'ici la fin du siècle. Et même si les quelque 200 signataires de l'Accord de Paris respectent leurs engagements, le réchauffement pourrait dépasser les 3°C.
Alors pour tenter de réduire cet écart, tous les Etats doivent soumettre d'ici la COP26 à Glasgow l'année prochaine une version révisée de leurs plans de réductions d'émissions. Mais les deux semaines de discussions ont mis en pleine lumière une division flagrante au sein de la communauté internationale en matière d'ambition.