Agrivoltaïsme: le projet du gouvernement ne convainc pas tout le secteur agricole

Les fermes solaires changeront-elles bientôt le visage de l’agriculture en France? Le gouvernement se penche sur le sujet et entend développer l’énergie verte. Le Conseil supérieur de l’énergie a ainsi validé la semaine dernière un projet de décret sur l’agrivoltaïsme. L’objectif? Installer des panneaux solaires sur des surfaces agricoles pour produire de l’énergie solaire et protéger les cultures en cas d’aléas climatiques.
40% maximum d’une surface agricole recouverte de panneaux solaires
Gérard Bellecourt, agriculteur céréalier au sud de Toulouse, verra ses panneaux solaires installés sur 23 hectares de ses terres, six mètres au-dessus de ses cultures de céréales.
“C’est pour avoir l’énergie verte par les panneaux solaires et continuer la même production au sol en optimisant par régulation de tout aléa climatique”, explique l’agriculteur.
Il devrait économiser quelques dizaines de milliers d’euros par an supplémentaires. “Il y a une location du site pendant 40 ans, et c’est assurer en même temps la pérennité de l’exploitation”, ajoute-t-il.
Le gouvernement souhaite encadrer cette pratique pour protéger les terres agricoles. D’après le texte validé le 19 décembre, et présenté initialement au début du mois, 40% maximum d’une surface agricole pourra être recouverte de panneaux solaires. En échange, les agriculteurs percevront un complément de revenu issu de la production d’électricité.
La production menacée à moyen terme?
Si l’idée est saluée par l’ensemble du monde agricole, certaines conditions présentées par le gouvernement ne font pas l’unanimité. En l’occurrence, la proposition des 40% maximum de surface agricole, proposée par les énergéticiens et soutenue par le FNSEA, le principal syndicat agricole, est considérée comme trop élevée pour plusieurs syndicats et l’Institut national de recherche pour l’agriculture.
Le gouvernement entend limiter les pertes de rendement sur les terres abritées par ces panneaux solaires de 10%, mais les opposants estiment qu’il n’y pas assez de recul. Leur crainte: que ces terres ne soient plus viables à moyen terme et que l’activité agricole laisse place à une activité de production d’énergie.
“Avec un taux de couverture aussi fort, on n'arrive pas à tenir la production agricole dessous en qualité et quantité et on se retrouvera dans une impasse”, a déclaré Julien Rouger du syndicat Jeunes Agriculteurs.
Ce projet est donc perçu par certains comme un danger pour la souveraineté alimentaire en France. Hervé Morin, président de la région Normandie, a déjà promis d’attaquer tout projet d’agrivoltaïsme dans sa région.
Le décret doit désormais passer devant le Conseil d’Etat. Pour le gouvernement, il est l’occasion de préciser un moyen d’atteindre un objectif fixé par la loi sur l’accélération de la production d’énergies renouvelables adopté en 2022: multiplier par 10 la puissance solaire installée en France pour atteindre 100 gigawatts en 2050.