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Des agriculteurs divisés sur le possible retrait du texte européen qui prévoyait de réduire l'usage des pesticides

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La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a proposé de retirer un texte qui prévoyait de réduire l'usage de pesticides de moitié d'ici 2030. Une proposition pour calmer la grogne des agriculteurs européens, mais qui divise la profession.

Coup de grâce au texte qui devait réduire l'usage des pesticides au niveau européen. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a proposé ce mardi de retirer cet élément clé du Pacte vert, pour donner des gages aux agriculteurs mécontents. Ce texte, présenté en juin 2022 par Bruxelles et déjà bloqué par les eurodéputés, prévoyait de réduire de moitié d'ici 2030 l'utilisation et les risques des produits phytosanitaires chimiques dans l'UE par rapport aux années 2015-2017.

Chapeau noir sur la tête pour masquer son crâne dégarni, Christian Jouault sort d’un rendez-vous à l’hôpital. Cet ancien agriculteur se fait soigner pour deux cancers à cause des pesticides. Cette décision européenne, pour lui, "c’est complètement inacceptable".

"J’ai quasiment été au contact de la chimie depuis l’âge de 12 ans jusqu’à l’âge de 43 ans quand je suis passé en bio. Maintenant, j’en paye les conséquences. A partir du moment où il y a des gens qui sont malades à cause des pesticides, on ne peut pas continuer”, appuie-t-il.

"La décision la plus sage"

Christian Jouault aimerait que soient développées les aides à la filière bio, sans pesticides. Mais Jean-Philippe Boué, agriculteur dans le sud de Rennes, assume lui utiliser des produits phytosanitaires.

“Passer en bio, c’est bien, mais il n’y a pas de marché en face. (Les pesticides) Je les utilise comme un médicament. Je vais voir mes champs, j’ai des mauvaises herbes. Donc je suis obligé de les traiter. Donc ça, c’est le pulvérisateur, c’est bourré de technologie. Il n’y a jamais de double dose à des endroits”, assure-t-il.

L’annonce d'Ursula von der Leyen le satisfait pleinement. “Pour moi, c’est la décision la plus sage qui pouvait être prise. Aujourd’hui, les solutions alternatives existent, comme le désherbage mécanique. Mais mon temps de travail serait multiplié par trois. Comme tout un chacun, même si on fait nos 70 heures semaine, on aimerait avoir un peut de temps pour soi pour s’occuper de sa famille et de ses enfants”, pointe-t-il.

Impossible pour lui de réduire drastiquement l'usage des pesticides en peu de temps, tout en restant compétitif.

Martin Cadoret avec Guillaume Descours