"Pause" du plan écophyto, concurrence déloyale: pourquoi les apiculteurs sont en colère

D'où vient le miel que l'on retrouve sur la table de nos petit-déjeuners? Dans la lignée du mouvement de colère global des agriculteurs, les apiculteurs français restent particulièrement remontés. Et ce, pour plusieurs raisons, notamment la concurrence qu'ils jugent "déloyale", subie face aux productions étrangères.
Des apiculteurs "en colère" ont ainsi déployé ce lundi des centaines de ruches sur la fameuse place Bellecour au coeur de Lyon, pour sensibiliser le public à leurs difficultés, à l'appel de la Confédération paysanne et de la FFAP (Fédération française des apiculteurs professionnels).
"On a des gros soucis au niveau de la distribution avec une baisse de la consommation et une grosse concurrence de l'importation", confirme sur RMC ce lundi 5 février 2024 Virgile Mazery, apiculteur à Guenrouet en Loire-Atlantique, qui se mobilise aussi dans la région nantaise.
D'autant que le miel étranger n'est pas tout le temps du "vrai" miel au sens français du terme... "La direction des fraudes au niveau européen a estimé, dans une étude datant de 2023, que 46% d'échantillons avaient des suspicions d'altération (avec du miel industriel par exemple)", souffle-t-il.
"Un suicide pour l'humanité, pour une histoire de profit"
Par ailleurs, le plan écophyto, visant à réduire l'utilisation des pesticides, a été mis en "pause" par le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau dans la salve d'annonces faite par le gouvernement jeudi pour répondre à la crise.
"Ce qu'on trouve dommage, c'est que ce plan était considéré comme une contrainte, alors que ça aurait pu être un atout pour faire évoluer nos pratiques, un atout pour tout le monde", regrette Virgile Mazery.
Pour Matthieu Cellard, un jeune apiculteur installé dans les Monts du Lyonnais interrogé par l'AFP, la "pause" du plan écophyto annoncée la semaine dernière par le gouvernement "est un suicide pour l'humanité, pour une histoire de profit".
Les Français consomment en moyenne 45.000 tonnes de miel par an, tandis que 20.000 tonnes sont produites en moyenne dans le pays, selon la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole français, classé à gauche. Les apiculteurs de la région avaient participé la semaine dernière au blocus d'un péage sur l'A43, en Isère, dispersé sans heurt samedi par les forces de l'ordre, après l'accord passé par le gouvernement avec la FNSEA, le syndicat majoritaire.