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Face à l'augmentation des attaques de patous, les randonneurs en montagne sur le qui-vive

Un patou, chien de berger pour surveiller les troupeaux dans les Pyrénées. Photo d'illustration

Un patou, chien de berger pour surveiller les troupeaux dans les Pyrénées. Photo d'illustration - Emma Martinet/ Wikimedia Commons

Les randonneurs qui arpentent les montagnes peuvent avoir la surprise de faire face à des patous, des chiens de berger qui surveillent les troupeaux. Problème, ces derniers peuvent s'avérer agressifs et même mordre. France Nature Environnement sensibilise à la meilleure attitude à adopter.

C’est la hantise des randonneurs: se retrouver nez à nez avec un patou, ces chiens de berger utilisés par les éleveurs pour protéger les troupeaux contre les attaques de loups.

Ils sont de plus en plus nombreux en montagne, à mesure que la présence du loup augmente dans les massifs. Ils peuvent être parfois menaçants voire même agressifs envers les usagers de la montagne. Mi-juillet, un homme a été mordu à la cuisse dans le massif de la Chartreuse (Savoie). Une campeuse, poursuivie par plusieurs patous dans le Vercors, s’est réfugiée dans un arbre avant d’être secourue en hélicoptère. Dans les Hautes-Alpes, un bichon frisé a lui été attaqué par deux d’entre eux.

France Nature Environnement sensibilise les randonneurs plusieurs fois par mois, en région PACA, aux bons gestes à adopter en cas de confrontation. En sortie de virage sur un chemin de randonnée, Olivier, pédalant sur son VTT, apparaît… Il ne s’est jamais fait mordre mais connaît bien ces chiens. Ceux qui sont les plus à risques sont selon lui les alpinistes ou ceux qui s'adonnent au trail. "Il faut rester calme mais ce n’est pas toujours simple", admet-il auprès de RMC.

Utiliser son sac pour faire obstacle

À l’inverse, Raphaël, Parisien de 23 ans et randonneur occasionnel n’y a jamais été confronté… "Jamais. Je pense que si ça s’était produit, j’aurais mis un grand bâton devant", fait-il savoir. Problème: "Il peut très mal le prendre et essayer de vous mordre ou pincer", lui répond Emilie, chargée de mission à France Nature Environnement. "Je le prendrais mal aussi", reconnaît-il amusé.

Des situations d’urgence qu’il faut savoir gérer, explique la formatrice. "Si le patou arrive très proche de vous, il va vous renifler. Dans ce cas, si on a peur, on peut prendre son sac et le mettre entre le corps et le chien. Il nous aura identifié et il repartira, normalement", explique-t-elle.

Un conseil que retiendra précieusement Sophie, encore traumatisée par une attaque de patous il y a quelque mois dans la région… " Mettre un obstacle entre le chien et le corps, je n’y avais pas pensé. Ils sont arrivés auprès de ma hanche. Quand le premier est arrivé puis les autres en courant, ça m’a vraiment fait peur, j’ai arrêté des voitures pour me mettre à l’abri", se remémore-t-elle.

Des morsures en hausse

L'utilisation de l'application PastoRando, qui permet de repérer en temps réel les emplacements des troupeaux, est aussi conseillée mais celle-ci n'est pas encore développée sur tout le territoire alpin. Les médiateurs Alpatous distribuent également un livret explicatif, parfois disponible en mairies et offices de tourisme, expliquant les bons comportements à adopter.

Selon un document officiel, le nombre d’attaque de chien de troupeau avec morsure a doublé en France, passant de 30 à 67 entre 2019 et 2022.

Estelle Henry