La science avance grâce à une vidéo inédite de l'implantation d'un embryon dans l'utérus

C'est une vidéo incroyable qui est sortie, celle de l’implantation d’un embryon dans l’utérus. Incroyable d’abord parce qu’inédit. Jamais on n'avait réussi à filmer en temps réel ce moment crucial de la conception, jusque-là il y avait seulement des clichés.
Mais des scientifiques espagnols ont réussi cette prouesse. Ce sont des chercheurs de l’institut de bioingénierie de Catalogne qui ont réussi à filmer pour la première fois, et en 3D, l’implantation de l’embryon humain dans l’utérus. Ce moment où il cherche à s’accrocher avant de devenir un foetus puis un bébé.
La nidation
Concrètement comment ils s’y sont pris? Tout ça se passe en laboratoire. Les chercheurs ont d’abord fabriqué, reconstitué l'environnement d’un utérus, essentiellement constitué de couches de collagène. Ils ont ensuite introduit dans cet utérus artificiel, un embryon humain. Pour ces expériences, ils ont utilisé des embryons donnés à la science par des couples, qui ont eu recours à des fécondations in vitro.
Et puis une caméra a donc saisi, capturé cette étape déterminante, au bout de 5 à 7 jours après la fécondation, lorsque le spermatozoïde a rencontré l’ovule. L’embryon voyage vers l’utérus et cherche à s’implanter dedans, c’est ce qu’on appelle aussi la nidation.
"Très offensif"
Et c’est là qu’on en apprend beaucoup sur le comportement de l’embryon. Les chercheurs disent qu’il est “très offensif”. On parle de cette toute petite chose de moins de 0,1/0,2 millimètres, l’équivalent d’un grain de sable très fin. L’embryon, expliquent les chercheurs, déploie “une force considérable”. Et on le voit très bien sur cette fameuse vidéo d’une dizaine de secondes, publiée par l’équipe de scientifiques.
Un embryon peut en effet être offensif parce qu’il doit d’abord se frayer un chemin. Et pour ça, il libère des enzymes, des molécules, qui vont détruire en partie les parois de l’utérus. Et on le voit, l’embryon exerce une pression parce qu’il cherche à tout prix à se fixer. Ca pourrait d’ailleurs expliquer certaines contractions ressenties par les femmes à ce moment-là.
Ensuite, une fois le lieu de son implantation choisi, l’embryon veut y rester, donc il s’enfonce encore plus fort pour atteindre les vaisseaux sanguins de la mère. Cette énergie déployée, elle s’explique: c’est une fois l’implantation réussie que le fœtus peut se développer et la grossesse s’enclencher.
Faire avancer la recherche
Au-delà d’être inédites, ces images permettent de faire avancer la recherche sur la reproduction. Parce que les problèmes liés à cette implantation, les chercheurs le disent, c’est la principale cause d’infertilité. Un tiers des embryons ne s’implante jamais et un tiers se détache juste après l’implantation.
Alors cette avancée devrait permettre d’en savoir plus sur les fausses couches précoces, d’explorer de nouvelles pistes pour améliorer la PMA, la procréation médicalement assistée. Aujourd’hui, ce sont plus de 3 millions de personnes qui sont touchées par l’infertilité.
Finalement, tout est fait en labo dans un cadre très strict. Par exemple, les embryons utilisés étaient des embryons donnés par des couples. Si, une fois leur parcours de fécondation in vitro terminé il leur restent des embryons, ils ont le choix. Ils peuvent soit les donner à la science, soit les conserver. C’est interdit de créer des embryons à des fins de recherche. Et puis pour des questions éthiques, en France comme en Espagne, les travaux de recherches sur les embryons se limitent à 14 jours de vie.