"Le chantier de la honte": ils manifestent ce samedi contre la construction d'un golf près de Perpignan

"Le chantier de la honte". Ils manifestent ce samedi matin à partir de 10h30 à Villeneuve-de-la-Raho (Pyrénées-Orientales) pour dénoncer la construction d’un terrain de golf, là où les pelleteuses sont déjà en action. Une vingtaine de partis politiques et d'associations comptent être présents.
Un dossier qui suscite controverses et procédures depuis une vingtaine d'années. Deux recours ont déjà été déposés. Christophe Muniesa, directeur général de la Fédération française de golf, a défendu le projet ce samedi sur RMC.
Les opposants dénoncent une aberration écologique dans un territoire confronté à la séchereresse et aux canicules, qui impliquent des restrictions d'eau, alors que le département des Pyrénées-Orientales comporte déjà trois golfs. Joan Nou, habitant de la commune, participe à la manifestation. "C'est le chantier de la honte", affirme-t-il au micro de RMC. "Le golf sera soi-disant vertueux mais c'est totalement faux".

Un golf arrosé par les eaux usées
Un constat partagé par Philippe, auditeur RMC, qui fustige "une aberation". "Il faut arrêter les conneries. Je trouve ça fou de faire des choses comme ça avec les restrictions écologiques qu'on nous annonce".
En quoi consiste concrètement le projet? Une réhabilitation d'une ancienne friche de 180 ha, dont e golf sera une partie "infime du projet", assure ce samedi sur RMC Christophe Muniesa, directeur général de la Fédération française de golf. Au programme également, 600 logements dont 150 sociaux annoncés par la mairie et 200 emplois à la clé.
"Tout le monde devrait me remercier", assure la maire LR
De son côté, la maire LR Jacquelines Irles, assume son projet: "Quelle commune laisserait 180 hectares de friches à l'abandon ? Je rappelle qu'il n'y aura qu'une trentaine d'hectares bâtis, tout le monde devrait me remercier ! Nous allons devancer la Loi Climat et Résilience", a-t-elle déclaré vendredi au micro de France Bleu.
De l'autre côté de la départementale D39, qui longe le tracé du golf, se trouve le lac de Villeneuve-de-la-Raho, une retenue principalement destinée à l'irrigation, à moitié vide pour cause de sécheresse, rappelle l'AFP.
Le projet prévoit la la création d'une Station d'épuration des eaux usées (Step), qui permettra d'alimenter en eau le golf. Christophe Muniesa se veut formel, il "n'est pas prévu que la nappe ni le lac" ne soient prélevés. Ce dernier met par ailleurs en avant les deux enquetes publiques menées et la validation du projet par la préfecture.
Une tribune de scientifiques dénonce le projet
Pourtant, 92 scientifiques ont publié une tribune dénonçant la poursuite des travaux dans le contexte de stress hydrique que connait le département. "Il va falloir arbitrer sur ces terrioires si on décide de créer du superflu, comme des golfs, ou favoriser l'arboriculture comme des cerises ou des pêches, ou encore alimenter en eau potable la population", expose à RMC l'hydrologue Emma Haziza, qui souligne le poids que les golfs font peser sur la ressource en eau.
"On comprend la symbolique autour de ce projet mais le procès autour du porteur de procès n'est pas justifié", estime Christophe Muniesa. "On prélève 32 milliards de mètre cube d'eau dans les nappes, les golfs représentent 0,008% avec 26 millions de mètre cube", avance-t-il. Pour lui, l'utilisation du golf des eaux usées est une bonne chose, une pratique pas assez répandue en France selon lui. "En Espagne, on utilise 18% de l'eau en la retraitant. En France, c'est moins de 1%", assure-t-il.