Le loup perd son statut d’espèce protégée: "Une victoire de l’homme sur la vie sauvage"

Le loup, c’est un survivant du monde animal parmi les hommes. L’Europe, c’est une civilisation qui s’est construite contre les animaux. Être un homme, c’est se distinguer de la bête. Nous, c’est l’éducation et la culture. Eux, c’est la barbarie. Et le loup a justement toujours été là pour nous rappeler que la vie sauvage n’était jamais loin.
Sous la IIIe République, on lance un plan d’éradication du loup. Et ça marche. Dans les années 1930, on aurait tué le dernier loup en France. A l’époque, pour tout le monde, c’était une bonne nouvelle puisque c’était l’objectif. Il ne réapparaît sur notre territoire qu’au début des années 1990, dans le parc du Mercantour, dans les Alpes-Maritimes. Et fatalement, dans cette décennie, les attaques contre les troupeaux se multiplient. Ce qui complique la tâche des éleveurs et provoque le retour des bergers. La fête est finie: il faut à nouveau protéger les troupeaux. La situation est d’autant plus problématique que le loup est protégé en France depuis 1993.
Cette sympathie pour les loups, c’est récent. L’homme n’a jamais vraiment aimé cet animal. Le problème avec le loup, c’est qu’il n’est jamais très loin d’où on vit, dans les forêts, aux abords des villages... En plus, ils mangent les bêtes. Bref, il fout le bordel. Dès le Vie siècle avant Jésus-Christ, à Athènes, il y avait déjà des primes pour les tueurs de loup. Et au Moyen Âge, en France, on va s’en occuper sérieusement. Sous le règne de Charlemagne, on crée la "Louveterie", une administration qui a en charge la chasse aux loups. Aujourd’hui, il en reste quelque chose puisque nous avons encore des lieutenants de louveterie, qui remplissent la même fonction.
Quand des animaux appauvrissent des hommes et les empêchent de travailler, il faut avoir le sens des priorités
C’est aussi un sujet de légende et de mythe en France. Le problème du loup, c’est qu’il attaque aussi les hommes. Un des faits divers les plus connus de l’histoire de France, c’est la bête du Gévaudan. Au XVIIIe siècle, dans la Lozère actuelle, une bête monstrueuse attaque des humains. La presse en parle, les rumeurs les plus folles circulent, la panique est totale, ça remonte même à la cour du roi. Finalement, c’était un canidé, c’est-à-dire une sorte de dérivé du loup, un très gros loup si vous préférez. La bête du Gévaudan est à l’origine de tout un imaginaire lié à la crainte de cet animal.
C’est donc un arbitrage entre l’environnement et les éleveurs. C’est un sujet lié à la cohabitation difficile de l’homme et de la nature. Mais soyons honnêtes. Quand des animaux appauvrissent des hommes et les empêchent de travailler, il faut avoir le sens des priorités. La vie, c’est du donnant-donnant. Quand les loups auront signé une convention pour nous foutre la paix, on en reparlera.