Objectif terre: la plus grande expédition scientifique de tous les temps est en route vers l'Arctique
Il fait jusqu’à -45°. Alors l’équipe de la mission Mosaïc profite des dernières heures de soleil pour installer les laboratoires, bientôt ce sera la nuit polaire, une nuit qui va durer 150 jours. Ils vont passer 12 mois coupés du monde. Leur embarcation : le Polarstern, étoile polaire, l’un des plus puissants brise-glace au monde, le seul en tout cas à pouvoir résister autant de temps dans la glace. Arrivé au milieu de l’océan Arctique (nord), le navire coupe ses machines pour se laisser emprisonner par la banquise. Moteurs éteints, il va ensuite se laisser dériver au grès des mouvements de la glace pendant un an vers le Sud.
Parmi l’équipage, 6 personnes auront un rôle un peu particulier : repérer et éloigner les ours polaires pour assurer la sécurité des scientifiques pendant leurs expéditions autour du brise-glace alors que les premiers êtres humains sont à 1 millier de km de là. Le Polarstern sera l’un des points les plus inaccessibles de la planète. Plus éloignée de la civilisation que la Station spatiale internationale. Toutefois, pour que les scientifiques ne souffrent pas trop de l’isolement, le bateau aura un sauna, des piscines chauffées et deux bars, histoire de détendre l’atmosphère et faciliter la vie sociale à bord.
Quel est le but de l'expédition ?
Les membres de l'expédition, veulent en profiter pour étudier les conséquences du changement climatique sur l'Arctique et améliorer les prévisions climatiques mondiales. En fait, on connait très peu le climat de l’Arctique et la mission doit, pour la première fois, permettre de récolter des données exhaustives sur la région. Car pour l'instant, on sait juste qu'elle se réchauffe deux fois plus que la moyenne mondiale et qu'elle est un peu l'épicentre du réchauffement climatique.
On vient aussi d'apprendre que la banquise arctique avait atteint son minimum annuel le 18 septembre : un peu plus de 4 millions de km2, la deuxième valeur la plus basse relevée depuis le début des mesures satellite. C'est en connaissant mieux cette région qu'il sera possible d'améliorer les modèles pour le reste du monde et d’obtenir des projections plus réalistes du changement climatique, estiment les scientifiques.
La mission Mosaïc est la plus grande expédition jamais réalisée au cœur de l’océan Arctique : 600 chercheurs de 19 pays différents vont se relayer à bord du Polarstern, pour un budget de 140 millions d’euros. Partout dans le monde, scientifiques et étudiants vont pouvoir poser des questions et suggérer des expériences à l’équipage. Une manière de faire comprendre que l’Arctique est bel et bien l’affaire de tous