"A la fin de la canette on est complètement morts": vers une réglementation plus stricte des bières à forte teneur en alcool?
C’est la deuxième cause de cancer évitable en France: chaque année "au moins 30.000 cancers sont liés à l’alcool", alerte Axel Kahn, le président de la Ligue contre le cancer, ce mardi dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin. Alors, pour alerter sur ce fléau, il pousse un coup de gueule contre les bières ultra-fortes.
Ces bières qui dépassent les 10 degrés pour aller jusqu'à 14, 16 ou 17, vendues en canettes de 500 ml, que l’on trouve très facilement dans les épiceries ou les supermarchés.
"C'est ravageur parce que ça met un gros coup"
Il demande aux autorités de légiférer, pourquoi pas en interdisant la vente de bières qui rajoutent des sucres et des levures pour augmenter le degré d'alcool ou en taxant fortement ces bières très alcoolisées.
Des bières populaires, grâce à leur faible prix, auprès des jeunes ou des SDF, selon Axel Kahn. Un phénomène bien connu des 15-25 ans: "Comment pouvez-vous accepter que des marchands, pour des raisons de profit, fassent tomber des jeunes dans une addiction dont 15.000 d’entre eux mourront en France chaque année".
Benjamin, 17 ans, connaît déjà très bien l’effet de ces bières ultra-fortes: "C’est ravageur parce que ça met un gros coup. On ne voit pas venir l’effet venir mais à la fin de la canette on est complètement morts. Donc pour un mec de 17 ans qui a commencé à boire depuis quelques mois, ça met un gros coup".
Benoît, 22 ans, analyse lui avec un peu plus de recul le succès du phénomène: "Il y a plein d’étudiants qui en prennent parce que ça coûte beaucoup moins cher qu’une grosse bouteille de vodka ou d’autres bouteilles entières d’alcool fort. La dose d’alcool est à peu près la même dans un verre de vodka orange et dans une bière à 10 degrés".
"Ce qui est particulièrement inquiétant avec la bière c’est sa banalisation"
Pour l’addictologue Michaël Bazin, ces bières ultras fortes présentent cependant des risques très élevés pour la santé des jeunes: "Ce qui est particulièrement inquiétant avec la bière c’est sa banalisation mais qui n’est pas nouvelle et d’autre part, la répétition du comportement de consommation et éventuellement de ressentir rapidement les effets psychoactifs. Un effet psychoactif qui pourrait développer une maladie addictive dans quelques années".
Des spécialistes qui privilégient des pistes d’une meilleure prévention à une taxation plus élevée de ces produits fortement alcoolisés.