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Sciences Nature

Pêche interdite pendant un mois: bilan en demi-teinte pour les dauphins, le retour des pêcheurs retardé

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Le premier bilan de l'observatoire Pégalis a mis en avant une baisse des blessures de dauphins liées à la pêche après un mois d'interdiction dans le golfe de Gascogne. Mais les échouages ont eux peu baissé. De leur côté, les pêcheurs privés de pêche ont vu leur retour en mer retardé en raison du mauvais temps et d'un risque de déstabilisation du marché.

Après le mois sans pêche dans le golfe de Gascogne, qui avait suscité la colère des pêcheurs, le premier bilan est positif. Cette mesure, censée protéger les dauphins, souvent capturés accidentellement dans les filets de pêche, est une réussite selon les chiffres des chercheurs de l'observatoire Pégalis. Les animaux ont moins de marques de filets, de coupures ou de signes d'asphyxie.

"Pour le moment on aurait 1 à 2 cas uniquement de capture accidentelle avérée alors que d'habitude sur cette période on est de l'ordre de 50-60% d'animaux avec des traces de captures accidentelles", explique Jérôme Spitz, directeur de Pégalis.

Baisse légère des échouages

Depuis début décembre, 326 dauphins ou marsouins se sont échoués. Contre 407 à la même période l'an dernier. La baisse est légère, souffle-t-on au ministère de la Transition écologique. Mais il faut la mettre en perspective ces chiffres prévient Jérôme Spitz: "En fonction notamment des conditions climatiques et des régimes de vent, on va avoir plus ou moins d'animaux morts en mer qui vont s'échouer sur le rivage."

"L'année dernière à la même période on avait des vents d'est qui éloignaient les cadavres, cette année il y avait des vents d'ouest qui ramenaient les cadavres", ajoute-il.

Il faut du temps pour qu'une carcasse atteigne les côtes et soit donc autopsiée. Le bilan définitif doit être fait sur l'hiver complet de décembre à mars. La Commission européenne a, de son côté, fait part de sa volonté d'accentuer les interdictions de pêche dans le golfe de Gascogne dès l'année prochaine. Elle pourrait être reconduite lors des hivers 2025 et 2026.

Le retour des pêcheurs retardé

Après ce mois d'interdiction, 450 navires vont pouvoir reprendre le large et jeter leurs filets dans le golfe de Gascogne. C'est le cas de l'Anna Mamm Mari de Christophe Audo. Une reprise "juste pour faire route sur les lieux de pêche" tempère le pêcheur.

"Avec le mauvais temps qui arrive, il n'y a pas d'exploitation possible. Je pense qu'une bonne partie de la flotte ne recommencera qu'à partir de la semaine prochaine", précise Christophe Audo.

Un marché déstabilisé

Difficulté supplémentaire, tous les bateaux vont retourner pêcher en même temps. Cela va avoir pour conséquence, selon le patron pêcheur, "un apport de poisson assez important", et par conséquent, "une chute des cours".

"Nous, on pêche la sole. Le prix moyen qu'on aurait dû avoir cette année sera sûrement moins fort que l'année d'avant", se désole-t-il.

En attendant la reprise de la pêche, Christophe Audo utilise "les fonds de l'entreprise" pour payer ses salariés car "il n'y a pas d'entrée donc c'est comme ça que ça fonctionne". "Mais les factures n'attendent pas. Il va falloir payer tout le monde, donc c'est urgent que l'État débloque des fonds", alerte le pêcheur.

Encore faudra-t-il pouvoir vendre ce poisson s'inquiète Julien Dubreuil, secrétaire adjoint du comité des pêches de Bretagne. "Il faudra aussi que le marché se restabilise, tirer les conséquences des pertes de marché potentielles qu'il y a pu avoir", prévient-il.

"Les acheteurs qui vont aller chercher du poisson ailleurs, c'est une des conséquences des arrêts d'activité, puisque les entreprises à terre n'attendent pas pour avoir du poisson pour continuer à travailler", argumente Julien Dubreuil.

Le comité des pêches estime que cet arrêt a coûté 90 millions d’euros à la filière.

Marion Gauthier et Martin Cadoret (avec T.R.C.)