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Pollution plastique: à Paris, l’espoir d’un traité mondial

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Les représentants de 175 Etats sont attendus jusqu'au 2 juin au siège de l'Unesco à Paris, dans le cadre de l'élaboration d'un traité mondial de lutte contre la pollution plastique.

Lutter contre la pollution plastique. C'est l'objectif des négociations qui reprennent ce lundi à Paris, où 175 nations aux ambitions divergentes doivent s’accorder sur les premiers contours d’un texte très attendu, sous la pression opposée des industriels et des ONG.

Emmanuel Macron a appelé à "mettre fin à un modèle globalisé et insoutenable" de la production et de la consommation du plastique, ce lundi. "Si nous ne faisons rien, la génération de déchets plastique triplera encore d'ici 2060. La pollution plastique, c'est donc une bombe à retardement en même temps qu'un fléau déjà présent", a déclaré le président français dans un message vidéo aux représentants de 175 nations réunis au siège de l'Unesco jusqu'à vendredi.

"On a deux groupes d’Etats", explique Diane Beaumenay-Joannet de l’ONG Surfrider Foundation Europe, "ceux qui sont plutôt pour des mesures volontaires et de gestion des déchets, et ceux qui comprennent qu’il faut réduire la production de plastique pour mieux le gérer après".

La production de plastique a doublé en 20 ans

L'enjeu est de taille alors que la production annuelle de plastique a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait encore tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait.

Or les deux tiers de cette production mondiale ont une faible durée de vie et deviennent des déchets à gérer après une seule ou quelques utilisations. 22% sont abandonnés (décharges sauvages, incinérations à ciel ouvert ou rejet dans la nature) et moins de 10% sont recyclés.

"Lors de nos collectes sur les plages, on ramasse énormément de mégots, des sacs plastiques, des bouteilles plastique, des emballages alimentaires, des déchets sanitaires, principalement des plastiques à usage unique, 90% de ce que l'on ramasse sont des déchets plastique", a expliqué sur RMC Diane Beaumenay-Joannet.

Développer l'accès à l'eau en France

"Les mesures prises par la France sur les emballages ne sont pas bien appliquées. Sur la vaisselle réutilisable dans les restaurants il y a encore des efforts à fournir. (…) On a un objectif de réduire à 50% d'ici 2030 la consommation de bouteilles en plastique, on pourrait remettre en pratique le système de consigne ou utiliser sa gourde car l’eau en France est généralement de bonne qualité. Il faut aussi développer les fontaines à eau, il faut un accès à l'eau plus important en France. Ce n’est pas une mesure correctement mise en œuvre, il faut que les gens puissent remplir leur gourde facilement", a-t-elle aussi détaillé.

Le plastique, issu de la pétrochimie, est partout: emballages, fibres de vêtements, matériel de construction, outils médicaux...

Des déchets de toutes tailles se retrouvent au fond des océans, dans la banquise, l'estomac des oiseaux et même au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta.

Le plastique pose aussi un problème pour son rôle dans le réchauffement climatique: il représentait 1,8 milliard de tonnes de gaz à effet de serre en 2019, 3,4% des émissions mondiales, chiffre qui pourrait plus que doubler d'ici à 2060 selon l'OCDE.

P.B. avec AFP