Réduction des émissions de gaz à effet de serre: des objectifs encore moins réalistes pour la France

La France affiche des ambitions plus fortes que jamais pour réduire son emprunte carbone. Selon la feuille de route qui a été publiée ce lundi, l’objectif est que nos émissions de gaz à effet de serre soient inférieures de 50% en 2030 à leur niveau de 1990, et que la part des fossiles (pétrole, gaz...) dans notre consommation d’énergie baisse de 60% à 42% entre 2022 et 2030, et à 0 en 2050, grâce à la montée en puissance de l’électricité fabriquée à partir des énergies renouvelables et du nucléaire, avec notamment six nouveaux réacteurs EPR de nouvelle génération.
Des objectifs encore moins réalistes que les précédents. En 34 ans, on a fait la moitié du chemin, et en partie grâce à la désindustrialisation et aux usines qui sont parties (chimie, par exemple). Comment pourrait-on faire le reste en six ans, en affichant des objectifs deux fois plus ambitieux que les précédents qu’on n’a déjà pas tenu? On nous promet une cinquantaine de parcs éoliens sur toutes les façades maritimes de l'Hexagone, pour atteindre 18 GW de capacités installées en 2035, alors qu’on est à 1,5 seulement actuellement.
On veut aussi 15% de voitures électriques dans le parc roulant du pays d'ici la fin de la décennie, mais on est à 2% aujourd’hui. Cela veut dire deux voitures neuves sur trois vendues qui doivent être électriques, soit quatre fois plus qu’aujourd’hui.
Besoin d’énormes investissements
Et tout ça va demander de gros investissements. Le financement de la transition, d’ici 2030, c’est une trentaine de milliards d’euros publics, plus les investissements dans les nouvelles énergies. Le nouveau parc nucléaire, EDF l’estime à presque 70 milliards d’euros. Or, la priorité, c’est la réduction des déficits.
Les aides publiques ont considérablement augmenté depuis leur introduction en 2008, pour la rénovation d'une maison individuelle, l'achat d'une voiture électrique neuve ou l’installation d’une borne de recharge. Malgré cette augmentation des aides, le "reste à charge" demeure élevé, se chiffrant souvent en dizaines de milliers d'euros. Pour les 10% les plus modestes, ce coût peut atteindre dix ans de revenus. Avant, on nous demandait d’escalader le mont Blanc en baskets. Là, on nous demande de gravir l’Everest avec des tongs.