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Sécheresse: l'Etat accusé de ne pas préserver assez les ressources en eau

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L'État épinglé par l'UFC-Que choisir: l'association dénonce le manque de mesures contraignantes mises en place pour préserver les ressources en eau du pays. Elle vise particulièrement la production de maïs, qui consomme une grande quantité d'eau.

Pour l'UFC-Que choisir, l'État n'en fait pas assez pour préserver les ressources en eau. En France, la quantité d’eau renouvelable disponible a diminué de 14% entre la période 1990-2001 et la période 2002-2018. Et la situation devrait encore s’aggraver pour atteindre une baisse de 30 à 40% d’ici à 2050.

D'après l'association de consommateurs, les mesures initiées par le gouvernement pour garantir l'approvisionnement en eau de notre pays sont trop faibles, alors que les canicules s'enchainent et que les réserves sont souvent vides.

Le maïs, grand consommateur d'eau

L'association vise notamment les cultures de maïs, demandeuses d'eau en juillet et août. Elles représenteraient entre 20 et 24% de l’eau consommée en France. Une position peu appréciée par les professionnels du milieu.

La production de maïs pose un problème parce qu'il pousse quand il ne pleut pas, en plein été. Ce qui rend l'irrigation obligatoire, notamment en Isère: "Sur le département, on utilise 60 millions de mètres cubes pour irriguer 30.000 hectares. On représente moins de 10% des usages de l'eau", explique l'agriculteur Jean-François Charpentier.

Selon lui, les agriculteurs font déjà des efforts. Ils n’ont pas le choix: "L'eau nous coûte cher puisqu'on paie une redevance à l'agence de l'eau, et parce qu'il faut consommer de l'énergie pour la pomper, et vous connaissez le prix de l'énergie aujourd'hui".

Des mesures plus contraignantes?

Dans le cadre de ces efforts, Jean-François teste actuellement un nouveau système, au goutte à goutte, enterré dans le sol, et "espère 20% d'économie d'eau". Mais vu l’état critique des nappes phréatiques, ce n’est pas encore assez selon Jacques Pulou, pilote du réseau "eau" chez France Nature Environnement Isère: "Il reste le plus dur à faire, c'est-à-dire d'aller au-delà".

"Ça peut être des techniques d'adaptation à la plante, de nouvelles pratiques culturales qui permettent de mieux retenir l'eau", propose-t-il.

Favoriser aussi le changement de cultures vers des variétés moins consommatrices, grâce à une réorientation des aides, "une aide à la conversion par exemple" pour "déployer des cultures différentes".

"La prise de risque des agriculteurs devrait être récompensée par des aides publiques", ajoute Jacques Pulou.

Dans un rapport, la Cour des Comptes recommande au gouvernement de renforcer sans délai le contrôle des autorisations de prélèvements d’eau. L'UFC-Que choisir donne également plusieurs pistes de réflexion: des mesures contraignantes pour l'agriculture intensive, avec un principe préleveur-payeur dans les redevances payées par l’agriculture intensive, ou encore une réorientation des aides de la PAC vers les modes de productions les plus économes en eau.

Vincent Chevalier avec T.R.C.