Ses tracteurs gênent la vue de son voisin, propriétaire d'un gîte de luxe: un viticulteur condamné

On connaissait l’histoire du coq qui chante trop fort pour certaines oreilles peu habituées à la campagne… Voici donc l’histoire des tracteurs trop moches à regarder.
Vincent, 57 ans, est viticulteur à Vaison-la-Romaine, dans le Vaucluse. C’est un de ses collègues qui a écrit à “RMC s’engage avec vous”. Il cultive la vigne depuis 30 ans et c’est de plus en plus difficile financièrement.
Et comme si ça ne suffisait pas, un propriétaire d'un gîte de luxe, récemment installé dans la région, lui mène la vie dure. Il se plaint des engins agricoles qui lui gâchent la vue. Il a même réussi à faire condamner le viticulteur pour pollution visuelle, il y a trois ans. Une audience à laquelle Vincent n’a pas pu assister, en convalescence après un accident du travail, et il n’avait pas les moyens de se payer un avocat.
“J’ai mon épouse qui s’accroche, mon petit qui veut prendre la suite. Donc, je me bats tous les jours, parce qu’en ce moment l’agriculture, c'est un chaos complet. Et boom, il me tombe ça. Ce n'est pas possible, mais bon, je tiendrai le coup puisque c’est ma passion”, raconte Vincent.
À l’époque, il est condamné à 200 euros d’amende par jour, tant qu’il ne retire pas ses engins. Il déplace donc ses tracteurs que son voisin ne saurait voir. Mais il y a quelques semaines, Vincent reçoit une assignation: le propriétaire du gîte lui réclame plus de 100.000 euros.
“Je ne sais même pas pourquoi ils s’acharnent sur moi, peut-être pour me faire dégager ou pour acheter ma propriété, ou pour me faire du mal. Même les gendarmes, je voulais faire une consignation, mais ils me refusent tout”.
Que dit la loi sur la pollution visuelle?
La pollution visuelle est un trouble du voisinage, défini dans le Code civil et le Code de l’environnement. En l'occurrence, le gîte de luxe n’est pas vraiment voisin puisqu’il est à deux kilomètres, sur une autre commune.
Le viticulteur a donc décidé de contre-attaquer, accompagné cette fois-ci par l’avocat de l’association Solidarité Paysans. Il a porté plainte pour “escroquerie au jugement”. Selon son avocat, le propriétaire du gîte a trompé la justice en produisant des éléments tronqués et exagérés.
Comment peut-on aider Vincent? En diffusant son témoignage, mais aussi en jouant les médiateurs. C’est ce que RMC a tenté de faire en contactant le propriétaire du gîte. C’est son avocate qui a répondu. Cette dernière parle “de véhicules à l'abandon et des déchets parfois brûlés”.
“Notre but, ce n'est pas de ruiner ce monsieur. C’est de faire cesser la pollution visuelle”, explique-t-elle.
On verra si la justice continue de lui donner raison. Vincent a rendez-vous avec le juge fin mars, pour réviser le montant de l’amende. En attendant, une pétition a été ouverte pour soutenir Vincent.