Un secrétariat d'Etat à la condition animale? "La question n'est pas juste d'avoir son chien-chien"

- - JUSTIN TALLIS / AFP
"Toutes les dernières études montrent que les animaux ne sont plus des outils comme on les a considérés pendant très longtemps. Sachant cela, à quoi cela nous engage? Comment demain doit-on vivre avec les animaux? Comment peut-on réinventer un monde avec eux? Il y a tout un conditionnement religieux, philosophique qui fait que les animaux sont, par la force des choses, à notre disposition, qu'il n'y a pas d'autre moyen de vivre avec eux qu'en les exploitant.
Mais il existe une autre réalité, celle où les animaux ont une conscience, des émotions, une intelligence. C'est très important de ramener ça à la science car c'est elle qui bouleverse tout aujourd'hui. On ne peut pas aller à l'encontre de ces résultats scientifiques, c'est impossible! C'est pourquoi nous demandons, alors que nous sommes à la veille d'une élection, la création d'un secrétariat d'Etat à la condition animale pour envisager nos rapports avec eux de façon différente. Demandé de longue date par les associations de protection animale, cela a toujours été refusé par les gouvernements successifs parce que la condition animale a toujours été considérée comme anecdotique.
"Notre façon de considérer les animaux a toujours été conditionnée"
Il faut que l'on sorte les questions consacrées aux animaux du ministère de l'Agriculture, de la Pêche, de la Recherche… de tous ces ministères qui ont des partis pris de base car ce sont des ministères qui exploitent les animaux. Il faut que la question animale soit traitée par de véritables experts, légitimes et multidisciplinaires. L'idée de ce secrétariat est de vraiment prendre en considération toutes les évolutions scientifiques en faveur des animaux, sauvages comme domestiques, dans les décisions. Par exemple, que la place de l'animal soit repensée dans l'éducation, ce qui n'est pas le cas du tout.
C'est une aberration que, dans notre pays, il n'y ait pas de cours de droit animalier à l'université alors que c'est le cas depuis 40 ans dans les pays anglo-saxons et même jusqu'au Kazakhstan. C'est totalement insensé mais c'est parce que notre façon de considérer les animaux a toujours été conditionnée. La question de l'animal n'est pas juste d'avoir son chien-chien, son chat-chat. Ce n'est pas ça du tout!
"Il faut encourager un traitement plus éthique"
Evidemment que l'animal fait partie de notre économie. Aujourd'hui, dans d'autres pays, beaucoup d'entreprises se sont rendues compte qu'elles gagneraient beaucoup plus d'argent en se souciant de ce que la population pense de leur relation avec les animaux. Il y a donc des entreprises nouvelles, des niches économiques nouvelles, des emplois nouveaux qui se créent dans l'alternative à l'exploitation animale. Cela ne veut pas dire qu'il faut arrêter d'exploiter les animaux du jour au lendemain. Mais il faut encourager le traitement le plus éthique possible des animaux exploités et nous diriger doucement vers une économie alternative à l'exploitation animale soucieuse des hommes, des animaux et de la planète, une économie durable".
"L'élevage industriel ne peut pas continuer"
Il faut augmenter les budgets consacrés aux méthodes alternatives à l'expérimentation animale. Partout dans le monde, les grands groupes industriels se sont, en recherche toxicologique, rendus compte qu'ils avaient des tests plus fiables, plus rapides et plus rentables en utilisant des méthodes alternatives. Et des gouvernements, comme en Allemagne, ont beaucoup investi depuis des années là-dedans. Ça marche et pourtant, nous, nous ne le faisons pas.
On a toujours dit que l'homme était plus important que l'animal. Mais sans l'animal, l'homme ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Et l'économie ne serait pas la même puisqu'elle repose sur l'exploitation de l'animal. L'élevage industriel ne peut pas continuer, tout le monde le sait. Cela fait souffrir des hommes, des éleveurs, beaucoup de monde mais aussi la planète. Cet élevage va donc devoir s'arrêter et il faut créer d'autres économies. Il faut voir cette nouvelle façon de juger les animaux plutôt comme un point positif qui peut rapporter de l'argent."
Si vous voulez signer la pétition sur change.org c'est ici.