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Angoulême: rester allongé ou debout dans la rue peut coûter 35 euros d'amende

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La maire d'Angoulême (Charente) a pris un arrêté contre "l'occupation abusive de l'espace public". Celui-ci permet de sanctionner de 35 euros d'amende les individus qui resteraient de manière immobile en générant des nuisances dans certains lieux publics. Sont principalement visés, les marginaux et les dealers.

À Angoulême, être debout, assis ou allongé dans la rue peut désormais coûter 35 euros d’amende. Un arrêté a été pris jeudi dernier contre "l’occupation abusive de l’espace public".

L'amende de 35 euros peut désormais sanctionner les individus regroupés de manière immobile ou peu mobile, n’étant pas en transit et générant des nuisances. Sont notamment visés les marginaux, les voyageurs, les jeunes et les dealers. Quatre quartiers ont été ciblés par la mairie, qui planche depuis trois ans sur cet arrêté après récolte de procès-verbaux pour alcoolisme sur la voie publique, deal ou nuisances sonores.

"Trop de trafiquants"

Maurice, ancien sans-papiers, passait son temps sur les bancs de la place piétonne du Champ de Mars. Mais depuis trois ans, il rase les murs et applaudit l’initiative du maire.

“Même en passant, je ne me sens pas en sécurité. Il y a trop de trafiquants qui traînent ici. Un jour, en rentrant chez moi, je me suis fait agresser”, assure-t-il.

"Il y a des punks à chiens, des dealeurs et des délinquants dans toute la ville ! Ça nous arrive très régulièrement de nous faire cracher dessus", raconte sur RMC et RMC Story Annick une autre habitante de la ville.

C’est pour éviter ces agressions que la mairie a mis en place cette amende de 35 euros d’amende pour occupation abusive de l’espace public. Philippe, qui travaille sur cette place, déplore la méthode. "Pouvoir interdire aux gens de rester statiques sur un lieu public, je trouve que, sous prétexte de sécurité, on enlève beaucoup de liberté dans plein de domaines", estime-t-il.

Angoulême : une amende pour être assis ou allongédans la rue - 18/07
Angoulême : une amende pour être assis ou allongédans la rue - 18/07
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Un arrêté "anti-mendicité"?

Des cris, des jets de bouteille, c’est le lot quotidien selon d’autres commerçants. Certains ont expliqué à la mairie avoir un sentiment d’insécurité. "C’est un outil de plus pour la police municipale et la police nationale. Les dealers, c’est chez eux. Moi, je cible toutes les personnes qui par une gestion privatisée de l’espace public posent une difficulté", détaille Jean-Philippe Pousset, adjoint au maire.

"Quelqu'un qui est debout dans la rue qui bouge pour aller voir les commerces, s'il n'est pas alcoolisé, avec quatre ou cinq bières dans le sang, qu'il n'urine pas sur la voie publique, qu'il n'a pas trois chiens non-muselés et qu'il n'importune pas les femmes, il ne pose aucune difficulté, il ne sera pas dérangé", précise l'adjoint au maire aux "Grandes Gueules".

Mercredi, l’opposition, dont fait partie Raphaël Manzanas, va déposer un recours devant le tribunal administratif.

“Quand on dit interdiction de s’allonger sur la voie publique, ça ressemble à un arrêté anti-mendicité”, pointe-t-il.

Cet arrêté est censé être en vigueur pendant un an, dans l’attente de résultats.

Maryline Ottmann avec Guillaume Descours