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"Ça ne peut pas durer": l'alerte des associations pour les SDF et les enfants à la rue dans le froid

Alors que des températures glaciales touchent le pays depuis une semaine, les associations aidant à la mise à l'abri des SDF lancent un cri d'alarme en France. Plusieurs municipalités s'attaquent également au rôle de l'Etat.

Plusieurs grandes villes françaises s'apprêtent à embrayer le pas à Strasbourg, qui a décidé la semaine dernière de poursuivre l'État pour sa "défaillance" à mettre à l'abri les personnes à la rue. Paris, Bordeaux ou Marseille envisagent de se joindre à cette action. La ville de Lyon a même acté l'engagement de cette procédure.

"Les communes n'ont plus les moyens de combler" les "manquements" de l'Etat, a déclaré jeudi Sandrine Runel, adjointe (PS) aux Solidarités de la ville de Lyon.Une démarche qui intervient alors que le froid saisit la France et qu'il devient de plus en plus compliqué de vivre à la rue.

Hébergement d'urgence: trop peu de places et trop de problèmes

Sans domicile depuis plusieurs années, José et Farès subissent de plein fouet cette baisse des températures. "C'est pas évident", soufflent-ils, tentant de se réchauffer en mangeant chaud. Seule solution pour eux, multiplier les couches de vêtements. La nuit, Yvon est hébergé chez un ami. Mais la journée, il doit trouver des refuges, comme au centre commercial.

"Je viens ici ou à la bibliothèque. Je rencontre d'autres personnes et on discute pour passer le temps", témoigne-t-il.

Tous les trois jours, les sans-abris peuvent bénéficier d’un hébergement d’urgence. Mais Michel ne veut plus y aller: trop peu de places, et trop de problèmes. "Dans la plupart des endroits, il y a des voleurs donc en général je me fais dégager parce que je suis violent avec ceux qui veulent me dégager", explique-t-il.

2.000 enfants dorment dans la rue

Depuis 2019, Help’night Lyon organise des maraudes les dimanches auprès d’une cinquantaine de personnes. La météo actuelle inquiète. Selon Jassim Boukeroui, l’un des responsables de l'association, l’idée que Lyon porte plainte contre le gouvernement, pour l’obliger à agir, a du sens.

"Il faut dire à l'Etat qu'il y un ras-le-bol et que ce n'est pas concevable de laisser des Français à la rue comme ça en plein hiver, sans rien", se désole-t-il, alors que la métropole lyonnaise compterait plus de 19.000 personnes à la rue ou hébergées dans les structures d’accueil.

"Ça ne peut juste pas durer", abonde Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, invité d'"Apolline Matin" sur RMC et RMC Story ce lundi matin. Il estime que la priorité est de mettre à l'abri les jeunes, qui seraient au moins 2.000 sur le territoire à dormir dans la rue en ce moment en France.

"Un engagement a été pris par le gouvernement il y a plus d'un mois à les sortir de la rue, ça n'est toujours pas fait", tacle-t-il, rappelant qu'il a fallu "se battre comme des chiens" pour que le gouvernement ne baisse pas le nombre de places d'hébergement d'urgence au moment du vote du budget.

Vincent Chevalier (édité par J.A.)