À quoi pourrait ressembler la carte avantages pour les familles monoparentales?

Bientôt une carte spécifique pour les familles monoparentales? La Haute commissaire à l'Enfance Sarah El Haïry y est favorable alors que près d'une famille sur quatre est monoparentale selon l’Insee en 2023. La carte se baserait sur le modèle de la carte famille nombreuse, qui permet aux familles d’au moins trois enfants d’obtenir des réductions auprès de certains prestataires comme la SNCF ou la RATP.
L'ex-ministre déléguée chargée de l'Enfance rappelle ce jeudi sur RMC que "3 millions d'enfants en France vivent dans une famille monoparentale, avec des mamans solos principalement". Et dans 82% des cas, selon l'Insee, les familles monoparentales ont à leur tête une femme.
"Quand tu vis avec un salaire, ce n’est pas la même chose qu’avec deux. On a plus d'enfants dans une situation de pauvreté ou vulnérabilité dans ces familles", justifie-t-elle.
Dès le premier enfant
Cette carte serait accessible"dès le premier enfant", de "manière universelle", "sans voir la question des revenus". Car "c'est plus cher d'accueillir le premier enfant, que le deuxième".
Elle compte mobiliser les acteurs des transports, du tourisme, de la culture, les acteurs de la société, "pour dire qu’il y a des besoins spécifiques pour ces familles, de garde, de réalité financière, de charge mentale de dingue".
À découvert le 20 du mois
Une proposition très bien accueillie par les mères célibataires que RMC a rencontré. Depuis le décès de son mari, Marylin vit en HLM avec ses jumeaux de 11 ans et une fois le loyer payé, il ne lui reste plus de 600 euros pour vivre: "Le 20 du mois, c'est là que je commence à vivre sur le découvert". Cette mère célibataire peine à offrir une alimentation variée à ses enfants.
"Je ne peux pas payer tous les jours de la viande à mes enfants. C'est souvent des pâtes ou du riz", témoigne Marylin.
Au chômage avec 4 enfants, Bénédicte, elle, est contrainte de refuser quasi tous les loisirs: "On fait souvent des sacrifices. Par exemple, lorsque mes enfants me demandent de sortir, d'aller au cinéma, je dois leur dire qu'on ne peut pas. Je peux les amener deux fois par an au cinéma".
Un groupe de travail lancé
Sénatrice et conseillère de Paris, Colombe Broussel développe une carte monoparentale au niveau municipal. Son premier objectif est de répertorier ces familles: "Ce sont des femmes qui, de toute façon, vont perdre de façon conséquente en pouvoir d'achat, en niveau de vie".
"On est bien dans un cumul d'inégalité sociale, professionnelle et de genre", dénonce la sénatrice.
Pour identifier les mamans ou papas solo, elle propose d'utiliser chaque année les informations recueillies par les impôts.
Cette carte, c'est un bon début mais qui reste insuffisant, selon Aurélie Gigot de l'association, La Collective des mères isolées. Elle revendique la création d’un statut à part pour les parents seuls: "On ne veut pas en aucun cas des privilèges, mais on revendique des droits".
"Actuellement, on considère que les familles monoparentales dans 29% des cas sont en situation de privation matérielle, c'est-à-dire qu'elles ne peuvent pas apporter l'essentiel qui devrait être apporté à un enfant", dénonce-t-elle.
Alors, ce statut ouvrirait "tout un ensemble de droits avérants" en matière d'accès au logement, à la culture, aux loisirs, à l'éducation, et puis "accès à une vie décente", conclut-elle.
Pour l'instant, peu d'informations sur la mise en place de ce dispositif ont circulé, mais Sarah El Haïry annonce que la ministre Catherine Vautrin a lancé un groupe de travail plus technique dessus. Et que "la discussion avec la SNCF va être extrêmement importante". Aujourd'hui, ce genre de dispositif "n'existe pas spécifiquement ailleurs sur la question des familles monoparentales".