Chawki Benzehra, l'influenceur et lanceur d’alerte algérien contre les discours haineux

Un réfugié algérien qui s’oppose frontalement aux influenceurs les plus menaçants. Chawki Benzehra, algérien de 33 ans, est réfugié politique ici en France, à Lyon. On l’a découvert alors qu’a émergé la vague des influenceurs algériens, mais eux le connaissent bien.
Ceux qui appellent “à tuer ou violer sur le sol français”, comme ce dernier influenceur algérien dont Bruno Retailleau a annoncé l’interpellation mercredi, qui encourageait des violences sur le sol français.
Chawki Benzehra est devenu la cible de ces influenceurs algériens. Ils le menacent, comme ils menacent la France dans leurs vidéos. Alors, lui, les débusque, il dénonce leurs discours haineux sur ses réseaux sociaux. Il les expose à ses dizaines de milliers d’abonnés sur X, TikTok, YouTube.
“Il y aura un passage à l’acte”, m’a-t-il dit mercredi après-midi, RMC a pu échanger au téléphone avec lui. Ces soutiens du régime algérien sont “en mode martyr”. Ce qu’il décrit, ce ne sont pas des ordres d’Alger, mais un discours anti-France qui infuse. Il est traducteur-interprète indépendant, alors il traduit ce qui se dit en ligne: “ils sont extrêmement nombreux”, ajoute-t-il.
Qu’est-ce qui le motive?
La France lui a accordé l’Asile politique en 2023. Dans sa vie d’avant l’exil, il reconnait avoir un temps tenu un discours anti-France aussi. Chawki Benzehra a participé aux manifestations anti-régime en 2019, le Hirak, contre le pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika à l’époque. Il trouvait la France trop conciliante avec Alger.
“Le pouvoir affaibli ne tenait-il que grâce à la France?”, se demande-t-il. Il avoue que, comme beaucoup d’Algériens, les écrits critiques de l’Algérie de Boualem Sansal le heurtaient avant. Il dit qu’aujourd’hui, il comprend.
RMC a demandé à Chawki Benzehra pourquoi il prend ce risque, celui de s’exposer à la vindicte des influenceurs algériens. Avec simplicité, il répond: “Il faut sauver l’Algérie”. Il attend de la France qu’elle accompagne les algériens. Il prédit une déstabilisation de toute la région, si le pays s’effondre, les extrémistes en embuscade. Mais Chawki Benzehra prévient, avec la diaspora et nos liens historiques: ça toucherait aussi la France.
Il est parfaitement seul, chez lui, isolé. Il ne fréquente personne. Depuis que ces influenceurs algériens font la Une, Chawki Benzehra ne sort plus, ou presque: “Je me méfie quand je sors les poubelles”. “Le Front a décidé de ta mort”, a-t-il reçu comme menace le 4 janvier. Le “Front”, façon Front de Libération Nationale et guerre d’Algérie. Depuis ce message, cette phrase lui a été envoyée des dizaines et des dizaines de fois.