Conclave sur les retraites: “les syndicats, une force politique historique”

La lutte finale, c’est terminée. Les syndicats ont eu beau tout donner, le résultat est là. Pas grand-chose, voire rien du tout. Certes, ce n'est pas que de leur faute, mais il faut admettre qu’on a connu des syndicats plus en forme. Parce que historiquement, c’était une vraie force politique.
Mais ça date de quand les syndicats?
Alors d’abord, il y a les ancêtres des syndicats. C’est-à-dire des organisations qui protégeaient l’intérêt des travailleurs. Puisque les grèves, ce n'est pas une invention de la modernité. Il y en avait déjà dans l’Égypte antique sous le règne de Ramsès III. Mais l’ancêtre des syndicats, ce sont les associations de métiers. Dès le Moyen Âge, les professions s’organisent pour peser face au pouvoir royal. C’était très sérieux. Il y avait des règlements précis qui régissaient tous les domaines: l’apprentissage, les savoir-faire, le temps de travail et même parfois les rémunérations. Même si bien sûr, il n’y avait pas de salaire minimum.
Et ça marchait bien. Petit à petit, ces associations vont se structurer en corporation. Et au XVIIIe siècle, la plus importante corporation, c’est celle qu’on appelle les Six Corps. C’était la plus puissante de France. Elle réunissait les plus gros marchands de la capitale. Ils avaient un monopole total. Rien ne pouvait se faire sans eux. Rendez-vous compte: ils avaient même leur propre police. Un État dans l’État. Aucun syndicat n’a jamais eu un tel pouvoir. Et forcément, c’était trop donc ça devait s’arrêter d’un coup sec. La Révolution française va tout simplement interdire les corporations avec une loi qu’on appelle la loi Le Chapelier.
Un gros chapitre de l'histoire de France
Et cette interdiction va durer très longtemps. Le XIXe siècle, c’est le siècle de l’Industrie et donc forcément, c’est aussi celui des travailleurs. Les ouvriers doivent s’organiser face au patronat. On crée les premiers syndicats en Angleterre. Ça va donner des idées à toute l’Europe. En France, ça se détend un peu sous le Second Empire, on autorise par-ci par-là des regroupements d’intérêts.
Mais il faut attendre la IIIe République pour que les syndicats d’ouvriers, et de patrons, soient autorisés. C’est la loi Waldeck Rousseau de 1884. On crée ensuite les premiers syndicats. Et d’ailleurs, on les connaît. 1906, création de la CGT. 1919, création de la CFTC, le syndicat chrétien. 1964, création de la CFDT, qui vient d’une scission avec la CFTC.
Donc les syndicats, c’est un gros chapitre de l’histoire de France. Les syndicats, c’est presque plus important que les partis politiques dans l’histoire de la gauche. Ils ont été de toutes les luttes. On leur doit beaucoup de nos droits sociaux. Mais il faut bien admettre que leur âge d’or est révolu. Aujourd’hui, seulement 10% des salariés sont syndiqués. Une chute qui explique en grande partie l’effondrement de leur influence. Ce n'est pas réjouissant, mais c’est incontestable. Et leurs résultats sur la réforme des retraites le prouvent.