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Conditions de vols "compliquées", boîtes noires retrouvées: ce que l'on sait sur l'accident d'hélicoptères qui a tué 13 soldats français

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Les boîtes noires des deux hélicoptères militaires accidentés lundi soir au Mali ont été récupérées et vont être analysées pour comprendre le drame.

Ils avaient entre 22 et 43 ans: 13 militaires français sont morts lundi soir au Mali. Il s'agit de l'un des plus lourds bilans humains essuyé par l'armée française depuis l'attentat du Drakkar au Liban en 1983, qui avait fait 58 morts.

Il est un peu plus de 17h lundi quand des soldats français repèrent un groupe de terroristes formé d'un pick-up et de motos. Ils les prennent en chasse mais la nuit tombe et rend la poursuite difficile. Un appui aérien est alors demandé. La ministre des armées Florence Parly raconte la suite: "Des hélicoptères viennent les renforcer, un Tigre et un Cougar. Alors que le combat avait commencé, le Tigre et le Cougar sont entrés en collision". 

Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes précises du drame. Pour le chef d’État-Major des armées François Lecointre, il ne s'agit pas d'un accident classique. 

"C'est un accident qui se passe lors d'une opération de combat, de reconnaissance, avec des hélicoptères qui manoeuvrent sans dispositifs anti-collision, parce que les hélicoptères de l'armée fonctionnent souvent en dispositif extrêmement serré, très opérationnel. Ils sont évidemment engagés selon des normes qui ne sont pas celles de l'aviation civile. Il ne s'agit donc pas d'un accident ordinaire".

"Les opérations de rapatriement vers la métropole vont pouvoir débuter"

Les boîtes noires des hélicoptères français ont été récupérées et doivent désormais être analysées. Les corps des treize militaires tués "sont maintenant dans une emprise française" et "les opérations de rapatriement vers la métropole vont pouvoir débuter", a déclaré le porte-parole de l'état-major des armées, le colonel Frédéric Barbry.

"Il est trop tôt pour pouvoir préjuger de la date de ces différentes analyses, on va laisser aux spécialistes le temps qu'il convient pour analyser tous les paramètres de vol qui sont dans ces boîtes noires", a-t-il poursuivi. "Aucune piste n'est écartée, c'est au bureau enquête-accident qu'il reviendra de déterminer les causes de cette collision supposée."

Le militaire a également précisé que les conditions de vol durant cette opération étaient "extrêmement compliquées": "Les nuits sont classifiées de 1 à 5, 1 pour les plus claires jusqu'à 5 pour les plus noires. Une nuit de niveau 5; c'est une nuit sans Lune, éventuellement avec une couverture nuageuse, qui rend les conditions de vol extrêmement difficiles. Les pilotes oeuvrent avec des jumelles de vision nocturne qui intensifient la lumière résiduelle quand il n'y a pas de Lune, pas de sources de lumière artificielle comme des villes, comme c'est le cas dans cette région".

Cet accident porte à 38 le nombre de militaires français tués au Mali depuis le début de l'intervention française en 2013, avec l'opération Serval. Au mois de novembre, l'armée française avait déjà perdu un soldat au Mali, le brigadier Ronan Pointeau, 24 ans, dans l'explosion d'un engin explosif, dont la pose avait été revendiquée par le groupe État Islamique au Grand Sahara.

L'opération Barkhane, qui a succédé à Serval depuis août 2014, mobilise 4.500 militaires français dans la bande sahélo-saharienne, une étendue vaste comme l'Europe, en soutien aux armées nationales qui combattent des jihadistes affiliés au groupe Etat islamique ou à Al-Qaïda.

Le dernier accident mortel d'hélicoptères dans l'armée française remonte à février 2018, lorsque deux hélicoptères d'une école de l'armée de Terre s'étaient écrasés dans le Var, dans le sud-est de la France, après une collision en vol, faisant cinq morts.

Jérémy Trottin avec Xavier Allain