Crèches privées: Victor Castanet veut "un débat de fond", "Elsa Hervy ne vient pas et menace"

Pas de débat, mais une menace de plainte. Le journaliste d’investigation Victor Castanet assure être "prêt" s’il est attaqué en justice après son livre Les Ogres (Flammarion), sur les crèches privées, après des témoignages de maltraitance et la démonstration d’un système low cost, notamment sur les couches et l’alimentation. Mais il préférerait avoir des réponses de la part d’Elsa Hervy, la présidente de la Fédération des entreprises de crèches.
"Ces plaintes n’ont pas été déposées, explique-t-il dans Apolline Matin ce lundi sur RMC et RMC Story. Orpea avait menacé à plusieurs reprises de porter plainte. Evidemment, si elle porte plainte, on est prêt. C’est un travail de deux ans et demi, qui est fait de manière très minutieuse. J’ai des dizaines, des centaines de documents et d’enregistrements, et de témoins."
"C’est un sujet majeur, la petite enfance, ajoute Victor Castanet. Madame Hervy ne vient pas sur un plateau télé. Elle n’est pas venue de la semaine, elle a été invitée partout. Elle a de quoi répondre, on pourrait avoir un débat. Elle pourrait indiquer pourquoi ses adhérents participent ou pas au low cost. Non seulement ils ne viennent pas, aucun ne veut venir, et en revanche ils menacent de porter plainte. J’estime qu’il y a un débat de fond à mener en plateau."
"Aurore Bergé et Elsa Hervy vont se coordonner pour éteindre le scandale plutôt que pour régler le problème de fond"
Victor Castanet maintient aussi ses accusations sur les liens entre l’ancienne ministre Aurore Bergé et Elsa Hervy, en s’appuyant notamment sur une interview de l’ex-membre du gouvernement sur RMC-BFMTV. "Cette interview est importante, estime-t-il. J’ai eu accès à des documents et des témoignages, dans le secteur privé et du côté de son cabinet. Ils se sont inquiétés à l’époque de voir les liens très étroits entre Aurore Bergé et la représentante des crèches privées, Elsa Hervy. J’ai pu avoir accès à des documents où on voit qu’elles échangent très régulièrement. La ministre indique à la Fédération comment elle doit s’animer dans les médias, à quel moment Elsa Hervy doit intervenir, sur quel plateau... Et de l’autre côté, la Fédération va fournir des éléments, notamment une note, à Aurore Bergé. Point par point, il y a des messages qu’elle va reprendre lors de cette interview."
"Pendant plusieurs semaines, elles vont se coordonner pour éteindre le scandale plutôt que pour régler le problème de fond, ajoute Victor Castanet. Quand vous faites de la communication, vous ne faites pas de la politique, vous ne réglez pas les problèmes. Cinq collaborateurs de la ministre sont partis. Ils avaient l’impression que leur ministre leur demandait de répondre à des intérêts particuliers. Elle a fait d’ailleurs passer des demandes très concrètes auprès ses collaborateurs, au lieu de répondre à l’intérêt général."
Christophe Durieux, "on ne sait pas où il est"
En attendant d’éventuelles plaintes, chez People and Baby, "je n’ai pas la preuve que les pratiques ont changé" souligne Victor Castanet. "L’actionnaire de référence, Christophe Durieux, qui a mis en place ce système, est parti de la gestion directe, opérationnelle. Mais aujourd’hui, le directeur général, la directrice des ressources humaines qui a participé à des pratiques de fausses déclarations liées au chômage partiel pendant le Covid, le directeur des affaires juridiques, toute l’équipe dirigeante est la même qu’à l’époque. Quand vous voulez changer des méthodes et des pratiques dans un groupe, vous changez la direction générale. Ça a été fait chez Orpea. C’est la première chose pour impulser un nouveau départ."
Si Christophe Durieux reste actionnaire, c’est aujourd’hui "un fonds de dette" qui contrôle People and Baby selon Victor Castanet. "Il a emprunté 450 millions d’euros à un fonds de dette, qui sont devenus maintenant 650 millions d’euros. Il a emprunté ces sommes considérables, non pas pour gérer ses entreprises, mais pour racheter de nouveaux établissements. C’était son obsession. Sauf qu’il a emprunté beaucoup trop d’argent et que son groupe ne fonctionnait pas. L’argent disparaissait des comptes donc à un moment, le fonds de dette a pris la gestion opérationnelle. Mais il est toujours actionnaire de référence. Et il faut s’inquiéter de ça: le groupe qui gère des enfants est un fonds de dette américain qui ne connait absolument rien à la petite enfance. Ce n’est pas leur métier. Leur objectif, c’est de ne pas perdre de l’argent et d’essayer de récupérer les 650 millions d’euros qu’on leur doit."
Et Christophe Durieux est désormais introuvable… "On ne sait pas où il est, explique l’auteur des Ogres. Plusieurs sources expliquent qu’il serait parti à l’étranger. Mais pour l’instant, je n’ai pas de confirmation."