Crèches privées: Aurore Bergé veut un meilleur encadrement et contrôler les sièges des groupes

Après les Ehpad, les crèches. Deux livres publiés cette semaine font la lumière sur les conditions d'accueil et de maltraitance de bébés dans certaines crèches privées. Au menu, des portions de repas rationnées, des soins minutés, des couches souillées et équipes réduites bien souvent dépassées.
L'Etat s'était pourtant déjà saisi du problème après la mort d'un bébé de 11 mois dans une crèche de Lyon, forcée à avaler un produit corrosif par une auxiliaire de puériculture en juin 2022. Saisie, l'Inspection des affaires sociale (Igas) avait rendu en avril dernier un rapport alarmant sur l'état des crèches privées.
Des contrôles directement au siège des groupes privés
Depuis, la situation a changé, défend ce jeudi sur RMC et BFMTV Aurore Bergé, la ministre des Solidarités et des Familles: "Les contrôles sur place sont plus systématiques et inopinés. On doit aussi mettre en place un système d'alerte systématique pour que les parents et les professionnels eux-mêmes puissent alerter".
"Ce qui va changer aussi, c'est la loi, dès le mois de septembre. On va la modifier pour réaliser des contrôles aux sièges des quatre grands groupes privés pour les inspecter", prévient Aurore Bergé.
Mais qui vont réaliser ces contrôles supplémentaires, alors que l'Igas et les PMI, les services de protection maternelle et infantile (PMI), les services de contrôle départementaux, assurent être trop peu nombreux pour les effectuer? "On a augmenté de manière massive au niveau de l'Etat les personnes habilitées à réaliser ces contrôles", assure Aurore Bergé, évoquant le chiffre de 120 contrôleurs supplémentaires.
Sur le terrain, les contrôles mettent en évidence des personnels trop peu nombreux et parfois pas assez rémunérées et pas assez formées selon la ministre: "La première des maltraitances, c'est la pénurie de personnels, qui eux, ont peur de devenir maltraitant parce qu'ils n'ont pas suffisamment de temps pour s'occuper des enfants. Le premier enjeu, qui est le mien, c'est trouver le moyen de recruter de nouvelles personnes, bien les former et bien les rémunérer", assure Aurore Bergé.
Vers un nouveau taux d'encadrement?
Pour améliorer la situation, Aurore Bergé veut changer le taux d'encadrement, actuellement d'un adulte pour six enfants: "Je veux qu'on passe à un taux d'encadrement d'un pour cinq. On va changer la règle et les crèches privées vont devoir s'adapter. Et pour faire en sorte qu'il y ait un taux d'encadrement supérieur avec plus de professionnels, je demande aux crèches privées de réfléchir à l'organisation du temps de travail de leur personnel et de les revaloriser", appelle la ministre des Solidarités et de la Famille.
"Au 1er janvier 2024, l'Etat va mettre 200 millions sur la table chaque année pour revaloriser les personnels. Mais je ne donnerai pas un euro de cet argent aux groupes privés si dans le même temps, ils n'ont pas de conventions collectives au niveau vis-à-vis des personnels", prévient-t-elle. Ces 200 millions d'euros, en revanche, pourront bénéficier aux groupes associatifs où "les choses se passent bien", assure Aurore Bergé.